Notre question n'était pas celle-là. Aujourd'hui, dans le monde, nous apportons des financements considérables à des pays qui violent les droits fondamentaux. Cela pourrait créer une rupture chez nos propres citoyens, donc sur le vote des budgets, notamment le vôtre. À un moment, ils exprimeront le refus de voir la France apporter des fonds à des pays qui ne respectent pas les droits de l'homme. Puisque la conditionnalité n'est pas politiquement correcte, pourquoi ne pas adopter la redevabilité dont le socle basique, accepté par tous, serait le respect des droits de l'homme et l'arrêt des violences, notamment envers les femmes qui sont les premières actrices du développement ? L'aide au développement souffre d'un problème éthique, que je constate en tant qu'experte de l'Afrique dans une autre instance. Il est très difficile de voir des pays qui bénéficient aujourd'hui de l'aide internationale et ne respectent pas les droits fondamentaux. C'est une problématique qui dépasse de très loin l'aide à projets. Comment, indépendamment de certains autres pays bailleurs de fonds, l'Europe et la France pourraient-elles s'ériger en modèles en développant des partenariats éthiques reposant sur l'irréductible humain, un socle universel de droits ?