Intervention de Pierre Mongin

Réunion du 30 janvier 2013 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Pierre Mongin, président de la RATP :

La mobilité en Île-de-France est un sujet essentiel pour la vie sociale et économique de ce pays.

Je souhaite consacrer mon propos introductif à la présentation de la nouvelle feuille de route que M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des transports, de la mer et de la pêche, vient de m'adresser. Ses éléments se retrouvent dans le nouveau plan stratégique de la RATP, « Vision 2020 », élaboré après une démarche participative à laquelle ont contribué plus de 20 000 salariés de notre entreprise.

La première orientation concerne l'amélioration des transports du quotidien. Le meilleur moyen d'y parvenir consiste à réaliser pleinement les objectifs fixés par le contrat conclu avec le STIF pour la période 2012-2015, contrat bâti sur un pari gagnant-gagnant : gagnant pour les voyageurs, gagnant pour la RATP.

En premier lieu, il s'agit d'améliorer les résultats de l'entreprise en matière de production, de régularité et de qualité de service sur nos réseaux.

Le bilan de l'année 2012 met déjà en évidence une progression des résultats par rapport à l'année 2011, tant en ce qui concerne la production de transports qu'en termes de régularité et de qualité. Le volume de kilomètres réalisés sur les réseaux de la RATP a crû de 10 % depuis cinq ans, non seulement en raison des commandes additionnelles du STIF mais aussi du fait d'une meilleure efficacité de l'entreprise.

La régularité des RER sous la responsabilité de la RATP s'est aussi améliorée en 2012 par rapport à l'année 2011. Ces progrès doivent encore être confirmés, mais je salue la forte motivation de nos personnels, en particulier de nos conducteurs. Cette amélioration se retrouve dans l'indicateur de ponctualité qui nous est commun avec la SNCF, et qui dépasse 85 % pour la ligne A et 84 % pour la ligne B.

M. Guillaume Pepy et moi-même sommes toutefois conscients que ces résultats se situent nettement en deçà des attentes légitimes des voyageurs. La RATP va donc poursuivre avec détermination ses efforts. Sur le RER B, nous travaillons main dans la main avec la SNCF pour mettre en place, d'une part, un pilotage unique sur la ligne dès le 1er juin – tous les plans de transports seront élaborés par des équipes mixtes – et, d'autre part, à Denfert-Rochereau, un centre de commandement unifié associant RFF. Dans le même temps, des voies dédiées seront mises en service sur la partie nord de la ligne – les travaux doivent s'achever en septembre ou en octobre prochain.

La régularité du métro se mesure grâce à deux indicateurs beaucoup plus exigeants que ceux qui figuraient dans les contrats précédents. S'agissant du temps d'attente des rames, douze des quatorze lignes atteignent les nouveaux objectifs en dehors des heures de pointe et dix durant les heures de pointe. On peut donc porter une appréciation globalement positive sur le fonctionnement du métro parisien.

La régularité du réseau de bus est largement affectée par les nombreux travaux de voirie, notamment par la construction de nouvelles lignes de tramway en banlieue. L'entreprise a redoublé d'efforts, et l'on peut enregistrer une diminution significative des pertes kilométriques du ressort de la RATP, passées de 1,7 % à 1,3 % entre 2011 et 2012. Cette tendance se poursuivra.

S'agissant de la qualité de service, il faut noter les très bons résultats des indicateurs qui mesurent la performance de nos agents au contact du public, que ce soit pour l'accueil aux guichets, entièrement rénovés, ou pour le service rendu par les conducteurs d'autobus, dont je salue les efforts. C'est le fruit d'un long travail pour construire avec nos agents une nouvelle offre de service professionnalisée, tournée vers les clients.

La définition d'indicateurs de propreté plus proches du « ressenti » des voyageurs et plus exigeants répond à notre volonté d'améliorer le nettoyage de nos espaces, pour lequel des moyens financiers supplémentaires vont être débloqués.

D'une manière générale, nous veillons à améliorer la disponibilité des équipements ouverts au public grâce à nos équipes de maintenance. En outre, nous pouvons nous féliciter que le poids de l'enquête annuelle auprès des voyageurs dans la pondération des critères, c'est-à-dire le bonus-malus déterminé à partir d'un sondage portant sur le ressenti global de nos clients, ait été décuplé dans le nouveau contrat, ce qui traduit notre volonté d'être toujours plus à l'écoute des usagers.

Nous savons combien l'information des voyageurs est importante, surtout en cas de perturbation du trafic. En 2012, nous avons fait un pas décisif en matière d'information en temps réel : des comptes Twitter seront progressivement ouverts pour chaque ligne de métro, de tramway et, bientôt, de RER. Nous avons également déployé dans les gares et stations un nouveau système de panneaux numériques dénommé IMAGE, qui permet aux voyageurs de connaître, selon la gare où ils se trouvent, l'état du trafic métro, RER, tramway, bus et même l'état du réseau de la SNCF. Il s'agit d'un investissement considérable sur une période de trois ans.

Nous venons aussi de conclure avec les opérateurs téléphoniques un accord novateur pour généraliser l'accès à la 3G et à la 4G dans les enceintes de la RATP, mais également dans les trains, ce qui fera de notre réseau le réseau urbain le mieux connecté au monde d'ici à trois ans. Ainsi la connectivité des voyageurs munis de tablettes et de smartphones sera assurée – les temps de trajet leur paraîtront peut-être moins longs.

Pour nous, le service, c'est aussi la sécurité. Je veux remercier le président de la région, M. Jean-Paul Huchon, d'avoir accepté, pour la première fois depuis dix ans, une augmentation de 5 % des effectifs de sécurité. Cette mesure vient compléter la généralisation du système de vidéoprotection qui est maintenant totalement déployé. Inutile d'ajouter que les personnels de la RATP sont particulièrement vigilants en cette période Vigipirate rouge renforcé !

En second lieu, la lettre ministérielle souligne l'importance du programme quadriennal d'investissement de 6,5 milliards d'euros, contractualisé avec le STIF pour la période 2012-2015. Nous opérons actuellement une rénovation complète du réseau de la RATP. Entre 2006 et 2011, l'entreprise y a consacré 8 milliards d'euros d'investissements. Depuis la décentralisation des transports parisiens, c'est ainsi l'équivalent de presque la moitié du coût total du futur Grand Paris Express qui aura été investi par la seule RATP, avec l'appui du STIF.

En 2012, nous avons réalisé 1,5 milliard d'euros d'investissements, soit 93 % de l'objectif fixé pour cette année par le plan quadriennal. Ces sommes ont permis le prolongement de la ligne 12 jusqu'à la station Front populaire, celui du T1 jusqu'à Asnières-Gennevilliers-Les Courtilles, du T2 jusqu'à Pont de Bezons, et du T3 jusqu'à Porte de la Chapelle. Le 31 décembre 2012, nous avons automatisé à 100 % la ligne 1 du métro. Dans quelques jours, la ligne 4 sera prolongée jusqu'à Mairie de Montrouge. Le métro aura donc franchi deux fois le périphérique en six mois !

En 2013, les investissements à réaliser augmenteront encore de 15 % pour atteindre 1,7 milliard d'euros.

En troisième lieu, la feuille de route ministérielle incite notre entreprise à rester à la pointe de l'innovation. Notre priorité reste de moderniser le métro, avec notamment cette année le déploiement du système de pilotage semi-automatique des trains et l'effort sans précédent de remplacement du matériel roulant des lignes 13, 5 et 9. S'agissant du RER, l'arrivée chaque mois de deux rames à deux niveaux MI09 améliore de manière continue le confort des voyageurs sur la ligne A. Cette opération se poursuivra jusqu'à la fin de l'année 2016. D'autre part, l'entreprise reste mobilisée en faveur de la sobriété énergétique et de l'amélioration environnementale de nos moyens de transport, ce qui se traduit par la mise au point d'un nouveau mix énergétique et par l'accélération de la dépollution de nos moteurs thermiques.

Le développement de l'entreprise, c'est aussi le Grand Paris où, selon le ministre, « la RATP a tous les atouts pour tenir la première place ». Comme je l'ai souligné mercredi dernier devant les corapporteurs de votre Commission en charge du suivi et de l'application de la loi relative au Grand Paris, MM. Alexis Bachelay et M. Yves Albarello, l'important est de conserver la cohérence d'ensemble du projet, qui ne produira ses pleins effets qu'une fois réalisé totalement, et d'avoir un schéma d'exploitation cohérent, simple et lisible qui donne à la rocade tout son rôle.

Un réordonnancement des travaux est nécessaire, mais un saucissonnage gâterait l'intérêt économique de l'ensemble en portant le coût final de ces opérations de 30 à 45 milliards d'euros si elles étaient trop étalées dans le temps. Le prolongement de la ligne 14 au sud, jusqu'à Orly, est un élément de cette cohérence : c'est une condition de la desserte du plateau de Saclay, mais aussi le seul moyen d'endiguer la saturation de la ligne B au sud.

Pour nous résumer, je suggère une méthode consistant en une programmation continue du projet plutôt qu'en un phasage. Je suis conscient que les décisions qui seront prises prochainement par le Premier ministre sont essentielles pour l'emploi en Île-de-France, puisque ce projet créera 20 000 emplois directs en régime de croisière. La RATP est fière que la première pierre de cet édifice, à savoir le prolongement de la ligne 14 jusqu'à la station Mairie de Saint-Ouen, ait déjà été posée.

La dernière orientation majeure que nous nous assignons est de maintenir la cohésion interne de l'entreprise, et de renforcer l'adhésion des hommes et des femmes de la RATP.

Je rappelle mon attachement profond au dialogue social, qui est décliné à tous les étages de l'entreprise. Je ne crois pas que l'exigence de modernisation de cette entreprise publique puisse être satisfaite sans de très bonnes relations sociales et un niveau élevé de contractualisation entre la direction et ses partenaires sociaux. Ayant présenté hier l'agenda social à mes organisations syndicales, je pense que 2013 satisfera à cet objectif constant.

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