Intervention de Guillaume Pepy

Réunion du 30 janvier 2013 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Guillaume Pepy, président de la SNCF :

Fortement soutenu par le STIF, le projet Éole fait l'objet d'une large convergence de vues. Des études ont été réalisées, des équipes ont été constituées. Si l'on ne parvient pas à régler le problème de financement, il faudra désarmer le dispositif déjà en place et on perdra plusieurs années. Il me paraît donc impératif que ce projet trouve toute sa place dans les décisions qui seront prochainement prises par le Gouvernement. Au reste, je le rappelle, il ne s'agit que d'achever la ligne E telle qu'elle avait été conçue à l'origine.

Organiser l'intermodalité vélo-train est en effet indispensable, monsieur Denis Baupin : puisqu'on ne peut charger son vélo dans le train, il faut installer dans les gares des stations dont le service d'abris Véligo mis en place par le STIF donne l'exemple. Sans doute conviendra-t-il aussi d'y ajouter des services de location et de réparation comme on en trouve au Benelux.

En matière de délinquance, alors que les atteintes aux voyageurs sont en baisse, et c'est heureux, les atteintes aux agents sont malheureusement en très forte progression. Nous avons donc renforcé les effectifs SNCF affectés à la sûreté : près de 1 900 personnes y sont dédiées en Île-de-France. Les programmes d'équipement en vidéoprotection sont en cours d'achèvement. En Île-de-France, le nombre de caméras dépassera bientôt 20 000, ce qui offrira à la police et à la justice une aide précieuse en cas d'incident.

Un certain nombre de nos concitoyens parcourent en train 500 kilomètres ou plus pour se rendre à leur travail chaque jour. Est-ce l'avenir ? En tant qu'opérateur, j'ai envie de répondre non. Outre que, pour les intéressés, « ce n'est pas une vie », comme on dit, cela oblige à acheter des rames, à construire des infrastructures supplémentaires destinées à ne servir qu'aux heures de pointe. Le bon sens comme l'intérêt de la collectivité voudraient plutôt qu'on s'emploie à créer des emplois dans les territoires.

La question des horaires de travail devrait également faire l'objet d'un débat en France, comme dans beaucoup de pays où ce sujet n'est pas comme chez nous tabou. À l'heure actuelle, dans notre pays, les entreprises décident, les élus votent des crédits et les opérateurs s'adaptent. Or il est possible de changer les horaires de travail, comme l'a fait l'université de Rennes qui, en décalant les horaires des cours, a permis au conseil régional d'économiser 15 millions d'euros d'investissement, soit le prix de trois rames. S'engager sur cette piste, après un débat démocratique, pourrait nous éviter de dépenser toujours plus pour essayer de remettre à niveau nos infrastructures. J'ajoute que le taux d'occupation des trains RER en Île-de-France peut atteindre 150 % sur certains tronçons aux heures de pointe, mais qu'il est en moyenne de 40 % grâce à nos énormes capacités aussi bien en flanc de pointe qu'aux heures creuses.

S'agissant du « Grand Paris d'aujourd'hui », monsieur Alexis Bachelay, rien n'est encore arrêté. C'est une proposition que nous faisons avec RFF et, si nous y avons travaillé avec le STIF, c'est au Gouvernement qu'il appartiendra de décider.

Les geeks auront sans doute toujours un temps d'avance sur nous, monsieur Faure, mais, dans quelques semaines, nous lancerons un site dénommé Tranquilien qui regroupera toutes les informations détenues par les usagers et par nous-mêmes afin de les porter à la connaissance de tous. Ce dispositif devrait favoriser une mobilité intelligente.

Nous devons réfléchir à l'idée d'une desserte de la grande couronne par des trains semi-directs, cependant que les trains de la petite couronne seraient omnibus comme le métro. Ce n'est pas réalisable à court terme, mais nous y travaillons dans le cadre de la réflexion menée avec le STIF sur le nouveau système d'exploitation.

Les générations précédentes n'ont pas anticipé le développement des transports collectifs en Île-de-France, mais nous essayons d'être plus prévoyants, monsieur Arnaud Richard. D'où l'énergie que nous dépensons en faveur de projets à long terme. Mais nous sommes bien conscients que les usagers attendent des améliorations tangibles à plus courte échéance. C'est tout l'objet des schémas directeurs du RER et des plans que nous avons évoqués. Et il s'agit de sujets auxquels il nous est d'autant plus loisible de réfléchir que la dépense pour ce « Grand Paris d'aujourd'hui » devrait être comprise entre 400 et 500 millions, contre plusieurs milliards pour le Grand Paris Express et Éole.

Dans le cadre du schéma directeur d'accessibilité (SDA), ce sont une centaine de gares qui sont maintenant aménagées ; plus de 200 devraient l'être en 2018. La difficulté tient ici au fait que les travaux ne peuvent être effectués au mieux qu'entre minuit et demi et quatre heures du matin. Vu l'ampleur de la tâche, il conviendrait d'envisager avec les élus et avec les gestionnaires d'infrastructures la fermeture partielle de lignes, pendant quelques jours ou quelques semaines, afin d'accélérer la cadence.

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