Intervention de Sophie Morin

Réunion du 6 octobre 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Sophie Morin, secrétaire générale de la CFDT Défense :

Madame la présidente, vous nous recevez aujourd'hui pour une audition sur le projet de loi de finances pour l'année 2017 et nous vous en remercions.

Pour le ministère de la Défense, l'année 2017 est dans la suite logique des décisions prises au plus haut niveau de l'État en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Le contexte toujours hautement sensible l'exige, l'ennemi pouvant frapper partout et n'importe quand. Nos combattants doivent être en nombre suffisant et toujours mieux équipés et soutenus pour combattre.

Pour les agents civils de l'État que nous représentons, la lecture du PLF 2017 est décevante.

À l'heure où les forces militaires se recentrent sur leur métier de combattant, le rôle et la place des personnels civils devraient croître en proportion dans le soutien et le maintien en condition opérationnelle. Or, nous constatons que le nombre de recrutements est bien loin des besoins pour faire face aux charges de travail et aux très nombreux départs en retraite. C'est le « papy-boom » également au ministère de la Défense !

À l'instar de ce que nous vous avions souligné lors de nos précédentes auditions, le manque d'anticipation en recrutements va amener les services de soutien du ministère à ne plus remplir leurs missions que d'une manière de plus en plus dégradée.

L'urgence pour le maintien en condition opérationnelle aéronautique et terrestre a été prise en compte, mais les embauches restent encore insuffisantes pour les années à venir. Aujourd'hui, c'est pour l'administration générale et le soutien commun que nous tirons le signal d'alarme.

Les militaires en opérations extérieures et affectés à la protection du territoire national comptent sur un soutien technique et administratif réactif et de qualité. Les personnels civils en sont les garants indispensables.

Aujourd'hui, c'est un recrutement civil de grande ampleur qu'il convient d'engager dans le soutien. Le sujet est particulièrement sensible dans la filière restauration-hôtellerie-loisirs (RHL), dans les services d'administration du personnel (SAP) des groupements de soutien de base de défense (GSBdD), dans les centres ministériels de gestion (CMG), ou encore au service d'infrastructure de la défense (SID).

Pour la CFDT Défense, il est urgent de reprendre une politique de recrutement ambitieuse, par des concours externes, des concours internes et des requalifications, par l'embauche des apprentis et par le biais des dispositifs de seconde carrière des anciens militaires.

Nous estimons qu'il y a lieu d'établir un plan de recrutement d'urgence sur le reste de la durée de la LPM : 15 000 recrutements de personnels civils seraient nécessaires, afin d'enrayer la déflation naturelle prévisible qui serait préjudiciable au soutien des forces, soit 5 000 par an, 1 700 en rééquilibrage et 3 300 en renouvellement.

Il est également grand temps que les personnels civils de la défense soient enfin reconnus dans leur rôle et à leur juste place, quelle que soit leur catégorie. Pour y arriver, il est indispensable qu'une gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) les concernant voie enfin le jour.

À la suite des recommandations du rapport du contrôle général des armées sur le rôle et la place du personnel civil dans le soutien, le ministre de la Défense a demandé aux organisations syndicales de faire des propositions. La CFDT a pris ses responsabilités et a remis à la direction des ressources humaines du ministère de la Défense (DRHMD) une analyse avec dix-huit revendications, dont nous vous remettrons un exemplaire si vous le désirez. Il reste à définir dans quelle filière et quels établissements certaines d'entre elles pourraient être expérimentées.

S'agissant des industries de défense, si nous reconnaissons le rôle positif du ministre pour obtenir des contrats à l'exportation, il convient de ne pas relâcher les efforts et de regarder d'un oeil attentif ces industriels qui dépendent encore largement des crédits défense. Par exemple, Nexter risque de connaître un gros problème de plan de charge à Roanne en 2017 en attendant le début du programme Scorpion et la fabrication du Griffon qui devrait démarrer en 2018 pour remplacer le véhicule de l'avant blindé (VAB). D'où la nécessité d'un contrat export ou d'un transfert de charge de Krauss-Maffei-Wegmann (KMW), société allemande avec laquelle Nexter s'est associée. Mais pour l'instant, force est de constater que cette alliance n'a pas encore apporté le contrat export tant attendu qui permettrait d'assurer la pleine charge de l'entreprise. Attention, là encore, à ne pas perdre des compétences vitales pour l'entreprise.

Pour les industriels, nous voulons également insister sur l'accompagnement de l'État au travers des plans d'étude amont, notamment sur les produits de demain comme la dissuasion et les ruptures technologiques qui vont percuter l'industrie comme la fabrication additive.

Nous dénonçons la frilosité de l'État en matière d'investissement dans les énergies marines renouvelables (EMR), qui seront filialisées au travers de DCNS Énergies. Il serait pour le moins contradictoire, un an après l'engagement lors de la COP21, que l'État soit timide face à ces investissements, les EMR étant créatrices d'emplois.

Enfin, pour les ouvriers de l'État, nous demandons la fin de la suspension de leur bordereau de salaire, qui n'a que trop duré.

Pour conclure sur une note un peu plus positive, nous saluons l'augmentation, même si elle est insuffisante, des mesures catégorielles, qui permettra, grâce à l'application du protocole PPCR, de combler un peu le manque à gagner de ces dernières années.

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