En ce qui concerne l'armement terrestre et le remplacement du FAMAS, pardon d'être brutal : il est un peu tard pour pleurer ! Qui a réagi lorsque nous dénoncions le sort réservé à la manufacture d'armes de Saint-Étienne et à Manurhin ? Il y a aujourd'hui, en Alsace, un petit patron de PME qui se bat comme un damné pour essayer de faire survivre son entreprise, la dernière en France à fabriquer des armes de poing de petit calibre. Personne ne l'aide !
Aujourd'hui, tout le monde regarde la situation les bras ballants ; nous n'avons pas, en matière d'armement de petit calibre, d'acteurs crédibles. Nous serions pourtant capables de remonter cette industrie : vous avez raison, Monsieur le député, si nous pouvons construire des canons, nous pouvons sans doute fabriquer aussi des fusils d'assaut. Encore faut-il en donner les moyens à l'industrie, notamment à Nexter ! Ce sont des difficultés que nous constatons aujourd'hui, mais qui sont le résultat de vingt ou trente ans de décisions.
S'agissant des ouvriers de l'État, monsieur Vitel, dans l'opposition vous êtes d'accord avec moi, mais lorsque vous êtes dans la majorité, vous n'êtes plus d'accord ! Nous n'avons eu de cesse d'alerter la représentation nationale sur ce sujet. Nous avons besoin d'ouvriers de l'État ! J'ai passé des années, et d'autres avec moi, à l'expliquer à M. Hervé Morin ; ce n'est pas pour autant qu'il s'est battu avec le ministère de la Fonction publique pour en recruter… Oui, nous avons besoin d'eux, non par principe, mais parce qu'on a essayé tout le reste et que rien n'a marché : ouvriers professionnels, agents techniques de catégorie C… Mais comment convaincre qui que ce soit d'exercer des métiers de l'aéronautique en tant que fonctionnaire de catégorie C, à 1 300 euros par mois ? On a essayé aussi de recruter des ouvriers contractuels ; mais, si la fonction publique sait les embaucher, elle est incapable de leur proposer des carrières. Aujourd'hui, le Service industriel de l'aéronautique (SIAé), le Service de la maintenance industrielle terrestre (SMITer), l'armée de l'air, l'armée de terre et le ministre même – il faut lui reconnaître ce mérite – reconnaissent tous que l'on n'a rien inventé de mieux que le statut d'ouvrier de l'État – qui n'en est pas juridiquement un – pour répondre aux besoins du maintien en condition opérationnelle.
Vous évoquez les bases de défense. Là encore, que chacun regarde la politique qu'il a mise en oeuvre ! J'ai évoqué la RGPP. Les bases de défense n'ont pas été créées pour améliorer le fonctionnement de notre défense, mais uniquement pour économiser 54 000 postes.
Nous essayons, militaires et civils ensemble, malgré nos différences, de les faire fonctionner. Parfois, nous nous trouvons comme une poule devant un canif ! Nous ne demandons pas un retour en arrière : ce ministère n'a pas besoin de réformes et de contre-réformes permanentes, mais de stabilité. Les militaires vous le diront certainement de la même façon. Les bases de défense sont en place ; le service du commissariat des armées fait tout ce qu'il peut, avec les personnels, pour faire fonctionner les groupements de soutien de base de défense.
Les difficultés sont réelles. L'une des plus importantes, c'est qu'un principe qui faisait la force du ministère de la Défense a été battu en brèche : qui commande paye ; qui paye commande. Aujourd'hui, bien malin qui est capable de trouver, au sein d'une base de défense, qui est responsable de quoi. La fonction RH de proximité a été mise à terre ; parfois, nous avons tout simplement perdu l'expertise en la matière, particulièrement pour les personnels civils. Or, la gestion des personnels civils par un centre de décision qui se trouve à 150 kilomètres, cela n'est pas possible. L'armée de terre a d'ailleurs choisi de récupérer ses billes et repris la gestion de ses personnels militaires. Dès le départ, la DGA n'a pas souhaité être intégrée à ce système – il est vrai qu'elle préfère vivre à part –, elle a conservé sa gestion RH de proximité, et elle a eu raison.
Supprimer les bases de défense n'aurait pas de sens, et les personnels souffrent des à-coups permanents. Mais il faut vraiment les réorganiser. Des choses ont été faites, et le ministre a augmenté les budgets alloués aux bases de défense. Les problèmes n'en demeurent pas moins réels : il est, je le redis, vraiment compliqué de comprendre qui est responsable de quoi.
S'agissant enfin de Balard, les coûts sont exorbitants et devraient à notre sens faire réfléchir sur les partenariats public-privé : je ne vois d'ailleurs pas comment le public et le privé peuvent être partenaires. Je ne vilipende personne, mais l'objectif du secteur privé est bien de faire de l'argent.
Vous posiez la question des parkings : c'est simple, il n'y en a pas. Quant aux accès, la situation est catastrophique… Si vous n'avez pas exactement le bon badge, vous mettez un temps fou pour entrer. Et en fauteuil roulant, vous n'entrez pas du tout ! Pour le reste, je vous donne rendez-vous dans vingt-six ans, quand on nous rendra le bâtiment en pleine propriété. Nous nourrissons des doutes sur la qualité de ce qui a été construit, et j'ai bien peur que l'on ne nous rende un bâtiment à refaire.