Intervention de Monique Orphé

Réunion du 18 octobre 2016 à 16h30
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMonique Orphé :

Ces femmes mènent un combat très difficile dans un contexte particulier. Pendant ces quatre jours, nous avons senti le poids des traditions. L'excision est interdite, mais pratiquée par 85% des familles. Des élus, que j'ai interrogés, ont minimisé ce problème et surtout se sentent impuissants car les gens vont dans le pays d'à côté qui autorise l'excision.

Cela étant dit, nous avons vu des initiatives très innovantes. Je pense à un petit film choc visant à sensibiliser les femmes, où l'on voit une femme décéder après un accouchement. On reste sans voix face à tels drames humains.

Malgré cela, les femmes qui mènent toutes ces actions sur le plan économique – ce sont elles parfois qui apportent la nourriture à la maison –, le font avec peu de moyens mais beaucoup de conviction. Or 60 % des femmes sont illettrées, ce qui pose aussi le problème de l'engagement des femmes en politique. Nous avons rencontré la ministre de la promotion de la femme, de la famille et de la protection de l'enfant, Mme Euphrasie Kouassi Yao, femme dynamique, convaincue et qui a un certain pouvoir sur les autres ministères. Le problème est qu'elle a des idées, mais pas d'argent : son budget n'est pas prioritaire. C'est donc une politique de petits pas mais qui pourra porter ses fruits demain à la faveur d'une prise de conscience. Elle essaie de mener des actions tant bien que mal : politique transversale en lien avec les autres ministères, lobbying pour sensibiliser sur l'éducation, sur la santé, etc.

Nous avons également eu des échanges avec des parlementaires qui travaillent sur le genre et siègent à la délégation des droits des femmes. Seules 9 % de femmes siègent à l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire : d'origines diverses, elles sont souvent cheffes d'entreprise.

Les femmes élues disent que les femmes ne veulent pas trop s'engager, alors que les femmes non élues déclarent vouloir le faire. Mais, comme en France, il est très compliqué de s'engager si l'on n'est pas soutenu par un parti politique ; la sélection par l'argent est donc un frein à l'engagement des femmes. Un autre frein puissant est l'éducation : beaucoup de femmes sont illettrées et ne peuvent donc pas prétendre à ces hautes fonctions électives. Nous avons rencontré dans un quartier une femme cheffe d'entreprise, très dynamique, qui avait envie de s'engager, mais qui rencontrait des difficultés car elle est analphabète.

Ainsi, l'aide publique au développement (APD) doit mettre l'accent sur l'éducation et l'égalité entre les femmes et les hommes. Or, alors que l'objectif est de 0,7 % du revenu national brut, l'APD est à 0,3 % et diminue de 170 millions.

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