Votre budget, monsieur le secrétaire d'État, est marqué par plusieurs glissements : le coût humain de notre interventionnisme à l'extérieur va s'accroître ; la création, par le chef de l'État, d'une nouvelle médaille dont le rang protocolaire laisse perplexe, ne peut que semer la confusion ; on observe aussi que la volonté réparatrice est inversement proportionnelle à la faillite de la capacité élaborative et introspective du politique.
Quant à la politique de mémoire, elle est sélective. Tout le monde se souvient de la bataille du Saillant de Saint-Mihiel et de l'arrivée des Américains à La Rochelle au cri de « La Fayette, nous voilà ! ». Mais plus personne ne parle des offensives de Rennenkampf en 1914, qui permirent la victoire de la Marne, ni de l'offensive Broussilov, en 1916. Pire encore : l'absence du Président de la République, le 9 mai dernier, à Moscou, lors de la commémoration de la Grande Guerre patriotique – comme si 25 millions de morts étaient oubliés. Je me dois de rappeler les souffrances des peuples soviétiques sans lesquels nous ne serions pas présents ici, tant vous avez de l'histoire une vision scotomisée et tant je m'inquiète de la chute de l'enseignement de l'histoire dont attestent des sondages montrant que la perception de la victoire sur l'Allemagne nazie en 1945 est inversée dans la population en général et chez les jeunes en particulier.
Nos compatriotes retiendront que, après plusieurs années d'oubli, vous vous souvenez qu'il existe une retraite du combattant, que vous tentez d'augmenter, comme le font souvent les gouvernements avant une échéance électorale. Mais pourquoi faut-il qu'un militaire soit mort avant un certain âge pour que sa veuve ait droit à une pension de réversion ?