Intervention de Rudy Salles

Réunion du 26 octobre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRudy Salles, rapporteur pour avis sur les crédits de la mission « Action extérieure de l'état :

Nos collègues ont beaucoup parlé de la bonne santé du cinéma français. Pour ma part, j'insiste sur sa grande fragilité. Si l'on compte aujourd'hui 110 millions de spectateurs hors de France et une centaine de millions en France, soit un total d'environ 220 millions, la fréquentation des salles dans les années soixante-dix était de l'ordre de 250 millions. La fréquentation était de 700 millions pour le cinéma italien, qui a quasiment été réduit à néant entretemps. Il ne faut donc pas nous reposer sur nos lauriers ni relâcher notre attention.

Je ne peux apporter aujourd'hui de réponse sur le piratage. Nous avons pu constater que c'est une vraie catastrophe en Espagne et en Italie, que le système est plutôt maîtrisé en Allemagne. Il convient de regarder les différents systèmes pour voir comment évoluer. Nous avons, sous cette législature, laissé le système Hadopi se déliter. Il faudra faire quelque chose pour nous doter d'un outil qui fonctionne.

En ce qui concerne la promotion, je ne jette pas la pierre, encore une fois, aux artistes français qui ne la font pas : ce n'est tout simplement pas notre système. Dans le système américain, le contrat est honoré quand l'acteur a assuré la promotion du film. Ce n'est pas le cas en France et les artistes français enchaînent les tournages, quand ils en ont la possibilité, au détriment de la promotion des films à l'étranger. C'est aussi une question d'état d'esprit. L'ancienne génération l'a fait et continue de le faire ; on a parlé de Catherine Deneuve et d'autres, mais les nouvelles stars françaises ne le font plus, ce qui les empêche d'ailleurs d'avoir une bonne visibilité à l'étranger.

Les salles d'art et d'essai, madame Hobert, n'existent pas dans tous les pays et, quand elles existent, elles ne sont pas toujours dans le même état que le réseau français. En Italie, en particulier, les salles traditionnelles de centre-ville ont beaucoup décliné ces dernières années. Cela nous retire des réseaux de distribution.

Je crois, madame Attard, que nous serons obligés de reprendre les pistes du rapport Lescure dans les mois et les années à venir car elles sont essentielles pour lutter efficacement contre le piratage.

Les films français en langue française, monsieur Sturni, sont minoritaires. En 2011, ils étaient plus de 51 % mais c'est en raison du film Intouchables, très fort succès international. Dans le domaine du cinéma, il faut toujours lisser les statistiques sur plusieurs années car il suffit qu'un ou deux films marchent très bien pour que les chiffres d'une année explosent. En 2013, on passe à 28 %, en 2014 à 19 % et en 2015 à environ 22 %. Dans certains pays, les films sous-titrés ne marchent pas du tout. C'est le cas de l'Italie, où, si les films ne sont pas doublés, ils n'ont aucune chance de succès.

Le festival international des séries, monsieur Premat, me paraît un sujet très important, sur lequel nous devons travailler et aboutir. Nous avons la chance d'avoir avec le festival de Cannes le plus grand festival de cinéma au monde ; nous avons besoin de créer un événement de même nature pour les séries de télévision, un produit qui permet aussi un rayonnement international mais sur lequel la France n'est aujourd'hui pas très bien positionnée.

En ce qui concerne la Chine, je pense que nous devons renégocier les quotas. Nous sommes plutôt bien positionnés vis-à-vis de ce pays, même politiquement, au sens large du terme : le fait que la France ait été le premier pays à reconnaître la République populaire, il y a cinquante-deux ans, a créé un courant de sympathie durable, et l'on vous parle encore en Chine de ce geste du général de Gaulle.

S'agissant de la réciproque, c'est un peu compliqué. Dans ma ville, j'ai organisé un festival du cinéma chinois l'an dernier, car nous sommes jumelés avec la ville chinoise de Hangzhou, petite ville de huit millions d'habitants ! Les Chinois y ont été sensibles et nous avons eu des retours très positifs en Chine, avec des articles de presse. Des opérations de politique décentralisée peuvent être conduites.

Enfin, les instituts français font un très bon travail, avec de nombreuses projections dans des salles qu'ils aménagent ou soutiennent. Le réseau diplomatique et para-diplomatique nous aide beaucoup dans la promotion du cinéma français.

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