À l'issue de mes déplacements à Cherbourg, à Toulon, à Brest, et en OPEX, je souhaite réaffirmer certaines priorités et préoccupations pour la marine nationale.
S'agissant tout d'abord des frégates de taille intermédiaire, je salue la signature par le ministre de la défense du programme de cinq frégates de taille intermédiaire de la classe dite « Belharra ». Il s'agit d'un programme majeur. Je rappelle qu'il poursuit un double objectif consistant à permettre à la marine nationale d'atteindre l'objectif des quinze frégates de premier rang, tout en favorisant les exportations.
Pour ce qui concerne ensuite le maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques, des « tensions » – c'est un euphémisme – persistent depuis quelque temps. Sur les ATL2, le constat est préoccupant, comme je l'ai constaté à Cuers, malgré l'implication des acteurs et des personnels. Le nombre d'avions est plus faible à la base opérationnelle de Lann-Bihoué qu'à Cuers-Pierrefeu, siège de l'AIA, où sont entrepris leur MCO et leur rénovation. Sur un parc théorique de vingt-deux appareils, près de la moitié de la flotte est en effet immobilisée à Cuers. La durée moyenne de visite a doublé, passant de dix-huit à plus de trente-six mois pour les dernières visites. Certaines améliorations ont eu lieu, notamment le changement de prestataire logistique, mais des difficultés significatives demeurent.
La situation des hélicoptères NH90 est également préoccupante. La marine compte actuellement dix-sept appareils, dont dix sont en entretien. Le dix-septième, pourtant récent, puisqu'il a été livré cette année par l'industriel NHIndustrie, ne peut pas voler en raison de problèmes mécaniques. Cela est totalement inacceptable s'agissant d'une machine neuve. Je pense qu'il faut remettre à plat le fonctionnement du consortium NHI, afin que puissent être traitées en priorité les demandes qui émanent des armées des pays les plus engagés.
Le système d'entretien avec visites programmées se révèle contraignant pour la disponibilité de nos aéronefs. Soyons réalistes : nous avons aujourd'hui un système MCO calibré « temps de paix » alors qu'il nous faut bâtir un système MCO « temps de guerre ». Ne pourrait-on pas passer, comme pour le Rafale, à une maintenance en continue, en fonction de l'état réel des aéronefs ? Est-ce envisageable dans les meilleurs délais ?
Je m'interroge aussi sur la « trame patrouilleurs ». La réduction du format de la flotte était explicitement anticipée dans le cadre de la LPM, mais la situation opérationnelle a changé. Outre-mer, le vieillissement des patrouilleurs et le retrait du service actif de plusieurs bâtiments ont conduit à une réduction temporaire de capacités actuellement de 30 %, et qui atteindra 60 % en 2021, et ce jusqu'en 2024. Sauf anticipation de BATSIMAR, le retour à la normale n'aura lieu qu'en 2027. Je réitère donc mon souhait de voir le programme BATSIMAR devenir une priorité absolue. Il faut en avancer le calendrier, afin de garantir des livraisons dès les premières années de la prochaine programmation.
Enfin, je souhaite évoquer le contre-terrorisme maritime, que la marine n'a d'ailleurs jamais perdu de vue, comme en témoignent les exercices Armor et Estérel régulièrement organisés sur nos différentes façades maritimes. J'ai assisté à un exercice du commando Hubert sur BPC dans le cadre d'un scénario de type « Bataclan sur mer » : j'ai été particulièrement impressionné par la réponse que la marine est en mesure d'apporter face à ce type de menace, avec un faible préavis et dans une situation tactique très dégradée. Nous devons garantir la montée en puissance de la force des fusiliers marins dans ce domaine. Elle suppose la participation à des entraînements spécialisés pour l'acquisition de compétences, comme l'aérocordage ou la progression sur un bâtiment. Elle nécessite aussi le renforcement des certaines capacités – les gilets pare-balles, par exemple. Les ressources doivent être adaptées.
Ces remarques m'amènent à appeler votre attention, monsieur le ministre, sur l'indispensable fidélisation des personnels. Entre les contraintes opérationnelles et les nouvelles aspirations des jeunes générations, je constate, comme vous-même, je le sais, nos difficultés à convaincre de plus en plus de militaires de rester durablement au sein de l'institution. Merci de nous éclairer sur les réflexions sur le sujet en cours au sein de votre ministère !
J'ai effectué, en quelques mois, une quinzaine de déplacements aux côtés la marine nationale, en métropole et en OPEX. J'ai rencontré des femmes et des hommes remarquables d'efficacité et je tiens une nouvelle fois à saluer leur engagement au service de notre patrie et de nos valeurs.