Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 2 novembre 2016 à 21h10
Commission élargie : finances - défense nationale - affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Monsieur Nauche, vous m'avez interrogé notamment sur l'opération Sangaris. L'OPEX est terminée, et il n'en est pas prévu de nouvelle. La mission Sangaris avait trois objectifs. Le premier était d'éviter les massacres de masse et d'enrayer ceux qui étaient en cours. Nos soldats y sont parvenus en faisant preuve de beaucoup de courage, car leur mission, qui a mobilisé jusqu'à 2 500 hommes, était très difficile. Certes, la sérénité n'est pas encore revenue en Centrafrique, mais nous ne sommes plus dans la situation, très grave, qui se préparait fin 2013. Le deuxième objectif de cette opération était de favoriser la mise en oeuvre d'un processus démocratique : une élection présidentielle ainsi que des élections législatives ont eu lieu, et la Constitution a été réformée. Enfin, il s'agissait de faire en sorte que les missions internationales – celle des Nations unies, la MINUSCA, et celle de l'Union européenne, l'European union training mission, EUTM RCA – puissent se développer. Ces trois objectifs ayant été atteints, j'ai annoncé la fin de l'opération Sangaris.

Des éléments français participeront néanmoins à la MINUSCA. J'ai en effet décidé d'affecter à cette dernière une unité de drones du régiment de Chaumont, cette capacité manquant à la mission des Nations unies pour assurer le renseignement et la surveillance. Nous prendrons également notre part dans la mission EUTM RCA, qui est actuellement dirigée par un général français, en lui affectant des éléments de formation. J'ajoute que nous maintiendrons une petite unité sur l'aéroport M'Poko, pour assurer la sécurité du site sur la longue durée puisqu'il s'agit d'une implantation militaire française très ancienne. L'effectif des forces françaises en RCA s'élèvera ainsi à environ 250 hommes, affectés à ces nouvelles missions. Autrement dit, nous n'abandonnons pas la Centrafrique, mais c'est désormais aux Centrafricains eux-mêmes d'assurer leur sécurité future en reconstruisant, avec l'aide de la mission EUTM RCA, les Forces armées centrafricaines (FACA), la MINUSCA assurant par ailleurs une mission de sécurité sur l'ensemble du territoire. Nous leur passons en quelque sorte le relais ; c'est dans cette perspective qu'il faut inscrire la fin de l'opération Sangaris. En tout état de cause, je le répète, il ne s'agit plus d'une OPEX.

J'en viens au financement de la Garde nationale, sur lequel m'ont interrogé M. Nauche, Mme Dubois, qui est l'auteur d'un rapport parlementaire sur les questions de citoyenneté, et M. Fromion. L'objectif de ce dispositif est, pour les forces armées, de porter le nombre des réservistes de 28 000 l'an dernier à 40 000 fin 2018 ; il s'agit donc d'un objectif ambitieux. La réserve des forces de sécurité intérieure, dont la gendarmerie, devrait, quant à elle, compter 44 000 hommes fin 2018. Ainsi, l'ensemble des personnels de la Garde nationale devraient s'élever à 84 000.

Celle-ci sera dirigée par un secrétaire général, assisté d'une toute petite équipe composée de la quinzaine de personnes actuellement affectées au Conseil supérieur de la réserve militaire. Le secrétaire général de la Garde nationale devra mettre en oeuvre la politique de recrutement ainsi que les mesures d'attractivité, qu'il s'agisse, par exemple, du financement d'une partie du permis de conduire pour les jeunes, de dispositions fiscales pour les entreprises employant des réservistes ou des dispositifs de fidélisation. Il sera, en outre, responsable de la communication et du partenariat avec les entreprises, notamment avec leurs organisations professionnelles au niveau territorial, voire national – j'ai eu l'occasion de m'en entretenir avec le MEDEF. Cet ensemble donnera l'impulsion. Je précise que la réserve de nos forces armées et celle des forces intérieures intégreront la Garde nationale sous un commandement opérationnel autonome distinct.

Cette évolution se traduira, en ce qui concerne la Défense, par une augmentation des moyens budgétaires, qui passeront de 70 millions d'euros à 156 millions inscrits au titre II en 2017, à quoi s'ajoutent 21 millions d'euros hors titre II pour les équipements. Le budget de la Garde nationale s'élèvera, pour le ministère de la défense, à 220 millions d'euros en 2019. Cette progression se traduit, en 2017, par un effort supplémentaire de 100 millions d'euros partagés entre le ministère de la défense et celui de l'intérieur, et qui sera prolongé dans les années qui viennent.

L'effort est donc considérable, et il commence à porter ses fruits puisque l'effectif des réservistes est d'ores et déjà passé de 28 000 à 31 000.

Monsieur Fromion, vous m'avez également interrogé sur l'accélération du programme SCORPION. Tout d'abord, je ne ferais pas de la situation actuelle de l'armée de terre une description aussi catastrophique que la vôtre, même si je constate l'ampleur de l'usure des équipements en opération – et nous sommes en opération depuis longtemps. Pour résumer, il serait, me semble-t-il, intéressant d'accélérer la cadence de ce programme. Celui-ci est tout à fait performant, cohérent et global, et je crois donc que nous pouvons aujourd'hui réfléchir assez librement à cette question pour les années qui viennent. Je suis prêt, en tout cas, à avoir cette discussion.

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