C'est un sujet sur lequel j'ai déjà été alerté. Ce n'est pas une réponse démagogique que je vous fais là ; ce n'est pas mon genre.
Monsieur Launay, en ce qui concerne la Pologne, je suis, pour l'instant, très prudent. Franchement, nous sommes très fâchés, car ce ne sont pas des méthodes ! Puisque nos débats sont publics, je le dis indirectement à mon homologue polonais, qui a indiqué, devant le parlement de son pays, que les Bâtiments de projection et de commandement – BPC – que nous avons revendus à l'Égypte étaient cédés pour l'euro symbolique à la Russie. Qui plus est, il a fait cette déclaration le jour même où j'assistais, sur l'un de ces BPC, avec le ministre de la défense égyptien, à des manoeuvres de ce bateau en baie d'Alexandrie. On en est là… La situation est donc un peu tendue, et je ne me vois pas prendre des initiatives pour l'instant.
Néanmoins, cela ne nous empêche pas de respecter nos obligations et d'appliquer les mesures de réassurance décidées dans le cadre de l'OTAN, y compris en envoyant des unités de blindés en Estonie en 2017 et en Lituanie en 2018. Nous sommes corrects en affaires, nous…
J'ai déjà répondu en partie à la question de M. Ciot relative à la situation économique d'Airbus Helicopters. Avant la décision polonaise que nous avons évoquée, il y avait eu, en avril dernier, le crash d'un hélicoptère H225 au large de la Norvège, qui a immobilisé l'ensemble de la flotte constituée de ces appareils, et porté de ce fait un coup dur à l'entreprise. Heureusement, l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a décidé, début octobre, d'autoriser à nouveau les H225 à voler – pour notre part, nous n'avions pas suspendu l'autorisation. Par ailleurs, la commande de trente Caracal passée par le Koweït au mois d'août a apporté une bouffée d'oxygène à Airbus Helicopters.
Puisqu'il a été beaucoup question d'hélicoptères au cours de cette soirée, je souhaite qu'une réflexion soit engagée avec l'entreprise au sujet du maintien en condition opérationnelle du Tigre. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il faut absolument qu'il soit procédé à une expérimentation sur cet appareil afin que nous sortions de la situation insupportable où nous nous trouvons au sujet des hélicoptères. Chiche, relevons ce défi ! Pour ma part, je suis tout à fait disposé à discuter avec les responsables de l'entreprise pour tenter cette expérimentation.
Monsieur Folliot, je comprends votre préoccupation au sujet de la disponibilité des A400M, et en particulier des difficultés auxquelles sont confrontés les parachutistes – et pas seulement ceux de votre ville – pour trouver des avions de transport équipés pour servir à leurs entraînements. L'A400M pose des problèmes en matière de largage, d'autoprotection et de poser. Nous avons fait connaître des exigences auprès de la direction générale d'Airbus, et ne sommes pas les seuls à l'avoir fait, puisque d'autres pays européens ont les mêmes difficultés que nous avec cet appareil – sept pays européens l'utilisent. En ce qui nous concerne, sur une cible de cinquante avions au total, quinze doivent être livrés d'ici à 2019 ; malheureusement, les onze appareils dont nous disposons d'ores et déjà ne fonctionnent pas, ou seulement de façon épisodique. L'engagement pris par Thomas Enders consiste à nous livrer deux appareils neufs et trois appareils retrofités avant la fin de l'année 2016, lesdits appareils étant conformes aux conditions nouvelles, intégrant notamment l'aérolargage. La livraison des appareils a commencé, et j'attends les résultats des essais pour apprécier la situation. L'A400M a une longue histoire, une histoire pénible, et nous nous retrouvons face à une situation très préoccupante.