Intervention de Dominique Orliac

Séance en hémicycle du 9 novembre 2016 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2017 — Travail et emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Orliac :

Monsieur le président, madame la ministre, madame et messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, le budget total de la mission « Travail et emploi », qui s’établit à 15,3 milliards d’euros, soit une augmentation de 13 % par rapport à 2016, est significatif de la volonté qu’a cette majorité d’engager de réelles ressources financières afin de mettre en oeuvre une politique de l’emploi et du travail ambitieuse. Madame la ministre, vous avez évoqué « un budget de combat ». Nous ne pouvons que louer la volonté du Gouvernement de tabler sur la jeunesse, la formation et l’apprentissage. En effet, le chômage des jeunes inquiète en cette période budgétaire difficile qu’est la nôtre, et la réforme globale de l’apprentissage qui a été lancée en 2013 ainsi que la loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale ont permis de rénover le dispositif.

Dès lors, l’objectif du Gouvernement de créer plus de 500 000 places d’apprentissage d’ici 2017 est louable et répond à une volonté et à une continuité de mises en place de politiques publiques axées sur l’emploi, sur le travail et sur la jeunesse. Nous ne pouvons que nous en féliciter car, en effet, l’investissement de ressources budgétaires afin de créer des bases solides apportant une bonne formation a souvent été délaissé par les précédentes majorités. De plus, la Garantie jeunes, les contrats aidés ou encore le dispositif « Embauche PME » sont également des outils très importants dans le but de faire sortir le plus de personnes du chômage, notamment les jeunes.

À ce titre, je m’attarderai un peu plus longuement sur l’apprentissage. Les 350 millions d’euros abondant les crédits de l’action 2 « Amélioration de l’insertion dans l’emploi par l’adaptation des qualifications et la reconnaissance des compétences » du programme 103 sont d’ailleurs vraiment réjouissants. Mais à côté des questions budgétaires, il y a également des actions à mener. Certes, nous pouvons regarder ce qui se fait notamment en Allemagne, mais pour la mise en place d’outils performants et, plus globalement, pour mettre en oeuvre ces politiques publiques, penchons-nous sur ce qui se fait dans d’autres pays proches de nous, par exemple en Suisse où les chiffres sont extrêmement parlants puisque plus de 70 % des jeunes passent par l’apprentissage, et 95 % d’entre eux trouvent un travail à la fin de ce cursus.

Madame la ministre, les chiffres de ce voisin doivent nous interpeller : alors que la proportion de jeunes optant pour l’apprentissage est singulièrement plus élevée qu’ici et que celui-ci n’est absolument pas pensé ni vu comme une voie de garage, il est intéressant de noter que le taux de chômage des jeunes dans ce pays est l’un des plus faible d’Europe. Les chiffres du chômage sont à la baisse chez nous et il en est de même en Suisse. Mais le taux de chômage des jeunes était de 3,4 % chez eux à la fin du mois d’octobre 2016 ! Les résultats de leurs politiques d’apprentissage et de formation sont incomparables avec les nôtres puisque nous sommes environ à 24 % de taux de chômage chez nos jeunes. Bref, c’est de paradigme qu’il faut changer : les professeurs suisses recommandent aux jeunes de faire une formation, expliquant qu’ils seront ainsi l’élite de leur pays, il est intéressant de constater que ce petit pays de huit millions d’habitants dépense environ 5 milliards d’euros par an pour la formation. Cela devrait singulièrement nous interpeller et nous serions forts gagnants à nous en inspirer.

En outre, je saisis l’occasion qui m’est donnée d’évoquer brièvement dans le temps qui m’est imparti le chômage chez les personnes en situation de handicap. Vous l’avez entendu hier, l’Association des paralysés de France a dressé un sombre bilan de la situation de l’emploi pour les personnes handicapées. Pour cette catégorie de la population, le taux de chômage atteint 21 % ! S’il est indéniable que cette majorité a beaucoup fait pour les personnes en situation de handicap, là encore, il faut que les chances de trouver un emploi soient possibles tout au long du parcours de vie. Certes, nos écoles sont plus inclusives qu’auparavant, mais il faut que les résultats se concrétisent par la suite. Ainsi, l’ambition du programme 102 se trouve renforcée cette année par l’adoption de la loi du 29 février 2016 qui permettra de favoriser l’accès ou le retour à l’emploi, notamment pour les demandeurs d’emploi de longue durée ou pour ceux qui rencontrent des difficultés spécifiques sur le marché du travail, tels les travailleurs handicapés. Notre groupe espère dès lors que les crédits de cette mission permettront enfin d’inverser cette courbe du chômage des personnes en situation de handicap. De plus, il faudrait également favoriser la création d’emplois dans les territoires ruraux, leur redonner de l’attractivité avec des possibilités de transports adaptés et une couverture numérique irréprochable.

Pour terminer, sachez, madame la ministre, que vous pouvez compter sur le soutien des députés du groupe des radicaux de gauche et apparentés. Nous voterons bien évidemment les crédits de la mission « Travail et emploi ».

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