Je serais brève, car je partage les propos de Pierre Lellouche et beaucoup d'entre nous sur le redéploiement stratégique de l'aide. Il est clair que les intérêts stratégiques de la France et de l'Europe sont en Afrique et en Méditerranée. J'insiste sur la Méditerranée, car je pense qu'investir en Égypte, demain en Libye, en Tunisie, c'est agir pour la stabilité, et notre propre sécurité. Je pense donc qu'un redéploiement s'impose.
Ce n'est pas tant une question financière, sur ce point, je pense qu'il faut une intervention massive à l'échelle européenne. C'est un partenariat stratégique : l'Afrique est à l'échelle de l'Europe. L'intelligence d'une Europe recrédibilisée serait de s'engager massivement. Vous avez évoqué le Lac Tchad, et je vous en remercie car c'est un excellent exemple. Le lac Tchad est en train de se tarir, 20 millions de personnes vivent autour de ce lac, et si nous n'intervenons pas, la déstabilisation de toute cette région est annoncée par tous les observateurs. Vous avez évoqué ce partenariat dans la dernière partie de votre intervention, je le regrette, j'aurais aimé que vous le fassiez en premier, et que vous disiez que les intérêts stratégiques de l'Europe et de la France sont en Afrique, et qu'il faut absolument, avec le ministère de la défense, accompagner l'action de la France sur ces terrains.
Je veux aussi insister sur le droit et la gouvernance. En expertisant les pays aux Nations unies, nous nous interrogeons sur l'efficacité de l'aide. Nous donnons énormément d'argent, mais il semble parfois que l'indice de développement soit inversement proportionnel aux investissements que nous faisons.