Intervention de Rémy Rioux

Réunion du 12 octobre 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Rémy Rioux, directeur général de l'Agence Française de Développement :

Au Sahel, la priorité de l'instrument que nous voulons bâtir est de renforcer nos interventions dans la région ; 100 millions d'euros de plus, dans cette région, avec l'effet de levier et l'entraînement de ressources européennes, peuvent faire une vraie différence. Serge Michailof a demandé 200 millions, il y aura un vrai effet de levier. Aujourd'hui, avec les moyens européens que nous mobilisons, nous consacrons à peu près 400 millions d'euros au Sahel, ce qui n'est pas rien. C'est certainement moins que l'effort militaire – 600 millions – et les enjeux sont différents. Nous devons donc faire beaucoup plus.

Il faut donc que nous arrivions à recharger nos interventions dans ces pays qui constituent une source de mouvements migratoires importants aujourd'hui, et plus encore dans les prochaines années compte tenu de l'équation démographique, en particulier au Niger et au Mali. Les effets se feront aussi sentir dans d'autres pays que nous connaissons bien : les pays côtiers, puis les pays d'Afrique du Nord, jusqu'en Europe. C'est et ce sera une grande priorité à laquelle nous réfléchissons. Nous pouvons aussi travailler avec la Caisse des dépôts, qui se situe à l'autre bout de la chaîne, et qui pense aux politiques à mettre en place en France.

Je reviens en un mot sur notre action avec les entreprises : il y a un travail à faire entre BpiFrance et l'AFD. La distinction est extrêmement claire : quand une entreprise française vient me voir et me demande un financement direct, en prêt ou en fonds propres, je lui réponds que l'instrument approprié est BpiFrance. Il faut donc que le lien soit extrêmement fluide et rapide. En revanche, si une entreprise a un partenaire, ou que des projets l'intéressent particulièrement dans certains pays au Sud, alors c'est la mission de l'AFD, qui est la banque publique de développement de nos partenaires du Sud.

Le discours est très simple et les instruments ont été réorganisés, mais les entreprises sont un peu perdues, je l'ai vu lors de mon déplacement à Lille. BpiFrance est bien identifiée, il faut que nous fassions le même effort, sans faire de promesses que nous ne pourrons pas tenir. Le financement direct d'une entreprise française, c'est le travail de BpiFrance.

Au sein de l'Agence, nous réfléchissons systématiquement pour toute l'Afrique, y compris la rive sud de la Méditerranée. Les agences de développement qui raisonnent en faisant la coupure Sahélo-saharienne ne traitent pas de certains sujets. Nos équipes fonctionnent un peu « en silo », avec des connexions, et avec les sujets des migrations, des flux illicites, nous voyons bien que le Sahara est une mer, pas une frontière. Il s'y passe beaucoup de choses que nous capturons mal et que nous traitons mal.

Par ailleurs, nous ne pouvons plus prendre un engagement sur la seule Afrique subsaharienne, cela n'a plus de sens. Tous les engagements pris publiquement le sont pour toute l'Afrique, politiquement, le contraire est indicible. Il faut que les instruments suivent, et nous pouvons être les premiers à avoir une valeur ajoutée dans les débats internationaux en le faisant. Nous y travaillons en lien avec l'Europe, qui se préoccupe de plus en plus de ces sujets. Le déplacement de la Chancelière me semble un signal spectaculaire de ce point de vue : elle a été au Mali, au Niger, en Éthiopie, et elle reçoit le président tchadien et le président nigérian ces derniers jours. Et nous travaillons très étroitement avec la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW) sur ces sujets, ce qui permet d'avoir l'effet d'entraînement sur les entités européennes, comme vous le souhaitez.

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