Intervention de Rémy Rioux

Réunion du 12 octobre 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Rémy Rioux, directeur général de l'Agence Française de Développement :

Comme je vous l'ai dit la dernière fois que je vous ai vus, les Allemands sont passés à 18 milliards d'euros d'aide publique au développement. Donc ils financent beaucoup de choses, et ils vont en financer de plus en plus en Afrique. Il y a aussi une question de commensurabilité des efforts allemands et français si nous voulons entrer dans ce débat.

On m'a interrogé sur le modèle britannique ; je pense qu'il est très déstabilisé dans le contexte actuel, du fait des objectifs de développement durable. C'était un modèle très concentré, géographiquement, sectoriellement, et en termes d'instruments. Il faut saluer l'effort que font les Britanniques, et l'effort transpartisan requis pour mobiliser 0,7 % de leur PIB en dons. Ils se sont longtemps battus dans les discussions internationales contre l'agenda des objectifs de développement durable, partagé par le monde entier, multisectoriel et qui doit entraîner le secteur privé autant que le secteur public. Aujourd'hui, leurs instruments ne sont pas adaptés à sa mise en oeuvre.

Ajoutons à cela les effets pour l'instant inconnus du Brexit. Une première conséquence est que nous allons nous retrouver, en Europe continentale, entre acteurs qui se ressemblent davantage : la KfW ressemble à l'AFD, je suis allé à Rome voir nos amis de la Cassa depositi e prestiti, leur caisse des dépôts, qui a maintenant le mandat international et qui nous demande de l'appui technique pour développer ces activités. Les Espagnols ne sont pas très loin d'avoir une structure de ce type. Dans les pays nordiques, c'est autre chose, mais il y a aussi des instruments en Suède qui commencent à offrir des garanties et des outils financiers un peu plus complexes. Je pense qu'il y a une fenêtre d'opportunité pour bâtir quelque chose au niveau européen qui aille dans notre sens, et qui soit pertinente dans ce nouvel agenda de l'aide.

Ces derniers jours, je suis allé à Washington, aux États-Unis, et j'ai été très frappé de voir à quel point les Américains ont su bâtir un consensus autour du développement. Alors que l'on pense le Congrès impossible à gérer, ils ont voté cinq lois dans la dernière année sur l'électrification de l'Afrique, la sécurité alimentaire…

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