Madame la ministre de l’éducation nationale, il y deux ans, vous avez procédé à une refonte de la carte de l’éducation prioritaire qui était sans doute nécessaire, mais qui a laissé en suspens le cas des lycées, pour lesquels vous avez entretenu un certain flou.
Tout récemment, dans un courrier à notre collègue Sébastien Pietrasanta, vous avez semblé acter que l’éducation prioritaire ne concernait plus les lycées.
Cette annonce suscite de vives inquiétudes chez les enseignants, mais aussi chez les parents d’élèves et les lycéens eux-mêmes.
En effet, la disparition complète de l’éducation prioritaire est catastrophique pour ces lycées. Elle signifie moins de moyens pour les établissements – avec des dotations horaires qui ont d’ailleurs commencé à diminuer – et la fin, pour les enseignants, d’un système de primes mais aussi de bonifications qui a permis de stabiliser et de fidéliser le corps enseignant dans ces établissements de manière sensible et très positive.
Pourtant, vous le savez, l’éducation prioritaire au lycée a porté ses fruits, en réduisant le nombre d’élèves par classe et en proposant des options, des sorties scolaires et des projets stimulants aux élèves, ce qui s’est traduit au bout du compte par une meilleure réussite aux examens.
Comme le disent avec beaucoup de fierté les enseignants de Dreux, dans ma circonscription : « Dans nos lycées, l’ascenseur social fonctionne. » C’est une phrase qui fait du bien à entendre, madame la ministre.
Alors, pourquoi mettre en péril un système qui marche, à l’heure où les jeunes de nos quartiers ont tellement besoin de l’école de la République ?
Madame la ministre, les enseignants des lycées de ZEP ont le sentiment que finalement ce sont leurs lycées, les plus fragiles, qui vont payer l’addition des promesses inconséquentes qui ont été faites depuis 2012.
Ils vous demandent de vous saisir de ce sujet avant la fin de ce quinquennat, puisqu’il vous reste cinq mois, et attendent aujourd’hui que vous les assuriez de l’avenir de leurs lycées. Ils attendent des actes.