Intervention de Valérie Lacroute

Réunion du 9 novembre 2016 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Lacroute :

Merci, monsieur le président, d'avoir organisé cette table ronde, et je salue par ailleurs notre collègue Martial Saddier qui a participé à son organisation.

Vous avez suivi de près ce que nous avons vécu en Île-de-France. Tout à fait exceptionnel, le phénomène a été particulièrement traumatisant pour les populations, quand bien même il a été relativement lent, ce qui a limité le nombre de victimes. Les dégâts sont considérables et leur coût s'élève à plus de quatre millions d'euros à Nemours, alors qu'ils ne sont pas toujours indemnisés de façon simple, notamment du fait de l'existence de franchises.

Chacun d'entre vous l'a souligné, de tels évènements nous rappellent la vulnérabilité de nos territoires. Ils nous conduisent à nous interroger sur notre organisation, tant interministérielle que locale, ainsi que sur les actions de prévention, de vigilance et de gestion de crise.

Après la crue du mois de juin 2016, j'ai demandé à la ministre d'engager une mission d'inspection générale, notamment en Seine-et-Marne, et le rapport devrait être remis à la fin de ce mois. Les élus comme la population en attendent beaucoup, monsieur le directeur, car, je l'espère, ce document nous permettra de comprendre un certain nombre de phénomènes.

Il faut se souvenir que le Loing a dépassé la crue de 1910 de quarante centimètres, ce qui pour notre territoire est considérable. Une partie de la population a eu le sentiment que son territoire avait été sacrifié afin d'éviter que Paris ne soit inondé. À cet égard, j'espère que le rapport montrera que cela est inexact, car je considère que c'est le cas. Même si Météo France a expliqué un certain nombre de phénomènes, dont les précipitations exceptionnelles, je souhaite que le rapport établisse une chronologie des évènements naturels.

La pluviométrie a été importante, la digue du canal de Briare s'est effondrée, cet épisode a un temps été sous-estimé, et là aussi, nous avons besoin d'informations précises. Vous avez encore évoqué l'absence de capteurs sur un certain nombre d'affluents du Loing ; or, dès le week-end, les agriculteurs, qui sont des hommes du terrain, comme les habitants, ont observé des débordements anormaux des affluents de cette rivière ainsi que l'engorgement des terres. Comme que vous l'avez souligné en citant Emmanuel Garnier, monsieur le président, la prise en compte des phénomènes de terrain est importante.

Par-delà tout ce que vous avez souligné, monsieur Marc Mortureux, il est fondamental de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là : quel est l'impact des pluies ? quel est l'impact de l'absence d'entretien des ouvrages sur la rivière ? Car, et je l'ai dit lors du débat sur la loi de finances, les crédits dévolus aux agences de l'eau et à Voies navigables de France (VNF) — partenaires indispensables — doivent être conséquents. Les agences de l'eau financent l'entretien des ouvrages et assistent tous les syndicats de communes dans la gestion des cours d'eau. C'est pourquoi une insuffisance de crédits ne peut que conduire à de nouvelles difficultés.

Je remercie M. Lacave pour toutes les informations qu'il a pu communiquer aux élus ; toutefois j'appelle votre attention sur la précision des éléments que vous fournissez. Entre Vigicrues, l'alerte pluie, l'alerte inondation, le jaune, le orange et le rouge, informations que les élus reçoivent sur leurs téléphones, les élus sont submergés. Ainsi, les alertes orange surviennent-elles très régulièrement, sans donner de précision sur les alertes elles-mêmes : s'agit-il de crues ou de précipitations ?

En l'occurrence, cette imprécision a conduit à une prise de conscience tardive de la part des élus, et, lorsque l'alerte rouge a été donnée chez nous, j'avais de l'eau presque jusqu'à la taille. Il faut encore, ce qui relève plus de la compétence des préfets, que les élus puissent confirmer avec leur téléphone qu'ils ont compris le message reçu. Car aller à la mairie à trois heures du matin pour chercher le fax qui détaille très précisément l'alerte et l'état d'avancement de l'inondation semble aujourd'hui quelque peu désuet.

Par ailleurs, la baisse des crédits de Météo France ne va-t-elle pas éloigner vos agents et agences du terrain ? Comment alerter et comment rassembler toutes ces informations ? En tout état de cause, le niveau d'information adressé aux élus doit être amélioré.

La courbe de Vigicrues montre un manque d'information à des heures qui étaient fatidiques pour les élus, et vous l'avez souligné, monsieur Jean-Marc Lacave, il y a eu à cette occasion un bug de Météo France.

Madame Emma Haziza, je découvre votre bureau d'études, j'ignore s'il est indépendant ou s'il reçoit des financements de la part de l'État. Je veux souligner la multiplicité des organismes existants, et j'en découvre tous les jours ; ils étudient les risques d'inondation, les risques climatiques. J'en suis ravie, mais peut-être conviendrait-il d'en établir un recensement plus précis, afin d'améliorer l'information et la prévention des élus.

La crue du mois de juin 2016 n'avait pas eu d'équivalent depuis 1910, elle était donc absente de l'histoire de la commune. Je découvre que vous vous êtes rendue à Montargis, ce qui est une bonne chose, mais de façon tardive à mes yeux.

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