Comme beaucoup d'entre nous, j'ai été maire d'une commune inondable, et Jean-Marc Lacave s'en souvient. J'ai présidé un SAGE ainsi qu'un syndicat de lutte contre les inondations, et j'ai beaucoup apprécié les propos tenus par nos invités.
Je voudrais témoigner des progrès réalisés depuis quinze ans dans le domaine de la prévention des crues, avec l'institution des PPRI, des programmes d'actions de prévention des inondations (PAPI), ainsi qu'une information largement améliorée. Par ailleurs, contrairement à ce que j'ai pu entendre, je considère que les cellules de crise constituées autour des préfets ont gagné en efficacité.
En revanche, la culture de l'inondation s'est affaiblie au sein des populations, du fait d'une rotation plus importante dans nos communes, mais aussi dans l'administration de l'État, singulièrement dans les services d'annonce de crues, qui ont fait l'objet de restructuration. En Normandie, les services de la direction régionale de l'équipement (DRE), qui dirigeait Jean-Marc Lacave, sont partis à Rouen ; le contact a été perdu entre les élus et les fonctionnaires concernés. Cette situation a réduit l'efficacité des plans d'intervention sur le plan local.
S'agissant du ruissellement, l'artificialisation des sols ainsi qu'un urbanisme mal maîtrisé ont été évoqués ; en revanche, la problématique de la transformation du paysage et des pratiques agricoles ne l'a pas été. Les bocages normands, qui étaient préservés par l'élevage, ont très rapidement été mis en labour à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Depuis, j'ai pu observer des taux de ruissellement égal à un ; et les crues ont changé de physionomie, ce qui était très visible lorsque les eaux se retiraient, car elles étaient très chargées en limon — ce qui n'était pas le cas il y a encore trente ans.
Au-delà du renforcement des fossés et de la replantation de haies, existe-t-il des modèles de pratiques agricoles mieux maîtrisées, susceptibles de ralentir le ruissellement ?