Intervention de Yves Albarello

Réunion du 9 novembre 2016 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Albarello :

Je suis un « délinquant hydraulique » puisque, comme M. Marlin, j'ai été verbalisé par l'ONEMA. (Murmures)

Dans son propos liminaire, M. le président a rappelé que les grands lacs, censés retenir l'eau, sont pleins à 90 %, mais personne n'évoque cette responsabilité pourtant manifeste. De plus, on constate que les capteurs ne fonctionnent pas. Mme Emma Haziza conseille aux habitants de Montargis de placer des bâtardeaux pour se prémunir contre les inondations, mais ne devrait-on pas plutôt s'interroger sur l'entretien des rivières ? Mes collègues, qui se sont exprimés avec passion, ont tous des responsabilités, qui de maire, qui à la tête d'un syndicat de rivière – c'est mon cas, bien que rien ne m'y ait initialement destiné puisque j'étais directeur administratif et financier d'une grande entreprise ; j'ai néanmoins appris à connaître la rivière. Or, la loi sur l'eau va désormais si loin qu'elle multiplie les obstacles au point que nous ne pouvons plus intervenir en bon « père de famille », si j'ose dire.

Ainsi, je suis maire de la commune de Claye-Souilly où coule la Beuvronne, en amont de laquelle se trouve la plateforme aéroportuaire de Roissy dont 90 % des eaux de pluie se déversent dans la Marne – le reste allant à la Seine. La Beuvronne étant un affluent de la Marne, ma commune a été inondée parce que le bassin, plein, a débordé. Depuis, nous avons fait installer un débit de fuite hydraulique et conduit une gestion intelligente du bassin. Aujourd'hui, nous réfléchissons avec Aéroports de Paris à une solution qui permettrait au bassin des Renardières de s'écouler directement dans la Marne.

Quoi qu'il en soit, l'entretien de la rivière est important. Suite aux inondations qui ont touché ma commune, j'ai pris la décision – en parfaite illégalité – d'effectuer le curage de la Beuvronne, qui n'avait plus été curée depuis quarante ans. Plutôt que de transférer le limon dans un centre d'enfouissement technique, ce dont ma commune n'avait pas les moyens – car tel est bien le problème des petits syndicats, qui n'ont pas les moyens financiers de faire des travaux tout en appliquant la réglementation –, j'ai fait déposer le limon sur les berges, ce qui s'est traduit par une forte hausse du débit hydraulique. Depuis, un garde-rivière enlève les embâcles et entretient la rivière au quotidien. C'est ainsi que nous n'avons pas subi les mêmes inondations que les villes de Nemours et Montargis lors des récents épisodes pluvieux. En clair, nous avons un problème d'entretien des rivières. Je suis effaré par certains reportages concernant le sud de la France où des personnes ont perdu la vie et où, pourtant, aucun entretien – aucun ! – n'a eu lieu, au point que l'on retrouve encore des embâcles ; c'est scandaleux. Il faut donc assouplir la loi sur l'eau.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion