Intervention de Sandrine Doucet

Réunion du 9 novembre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Doucet :

Je vous remercie, monsieur le directeur, pour cette présentation du projet culturel Médicis-Clichy-Montfermeil. Il s'agit d'un projet très important, non seulement pour la culture en général, mais aussi pour la dynamique d'un territoire qui a subi, en 2005, des événements tragiques et des émeutes, et qui doit aujourd'hui être connu pour d'autres aspects, positifs cette fois. Il est d'ailleurs heureux que nous puissions parler, en ce jour particulier, de rayonnement culturel et de démocratisation de la culture, qui est un symbole et un facteur de cohésion sociale. Le projet Médicis-Clichy-Montfermeil participe de la dynamique territoriale autour de la tour Utrillo, rachetée par le ministère de la Culture et de la Communication, dont il faut souligner la constance dans le soutien au projet.

La présentation que vous venez de faire montre l'importance du lieu dans la construction des projets culturels. Cela corrobore les observations de terrain que j'ai pu faire dans le cadre de la mission parlementaire que je conduis sur le parcours d'éducation artistique et culturelle. Bien souvent, en effet, la dynamique se crée autour d'un lieu, culturel ou éducatif. Je cite quelques exemples, certes bien modestes par rapport au projet Médicis-Clichy-Montfermeil : Côté sciences à Floirac, la Casa Musicale à Perpignan, la ferme de Trielle dans le Cantal. Et, quand ce lieu n'est pas le centre du projet d'éducation artistique et culturelle, il permet de retranscrire le travail effectué, à l'instar, entre autres, des théâtres qui s'ouvrent aux pratiques amateurs.

Pour ma part, en tant que Bordelaise, j'ai bénéficié, avec une jubilation peut-être un peu provinciale, de ce lieu culturel d'avant-garde qu'était le centre d'arts plastiques contemporains (CAPC), ouvert en 1973 par le maire Jacques Chaban-Delmas.

L'ouverture prochaine de Médicis-Clichy-Montfermeil autorise bien des espoirs. C'est un projet grandiose et chargé de symbole, dans la couronne parisienne en souffrance. Monsieur le directeur, c'est un immense défi que vous devez relever avec vos équipes, et nous ne pouvons que souhaiter votre pleine réussite. Vous le soulignez : le développement culturel doit être vu comme un levier de cohésion sociale, de fierté territoriale, et ce projet doit être innovant et fédérateur.

Tout est réuni pour que le projet soit un succès : la mobilisation des acteurs, tout d'abord, avec l'impulsion de l'État via le ministère de la Culture et de la Communication et la préfecture de la Seine-Saint-Denis, l'implication des maires, de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et de la Société du Grand Paris ; ensuite, le lien avec les réseaux de transport en construction – vous avez insisté sur l'accessibilité, qui est une condition première pour la diffusion culturelle ; en outre, l'inclusion du projet dans le Grand Paris, avec une réflexion menée à l'échelle métropolitaine ; enfin, l'élaboration par étapes du projet, qui permettra à la réflexion sur le projet urbain, architectural et culturel de mûrir en fonction des différents moments artistiques qui seront programmés.

Cependant, dans la note de présentation du projet que vous nous avez transmise, j'aurais aimé voir davantage de place accordée à l'éducation artistique et culturelle, scolaire, périscolaire et extrascolaire. En effet, la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République du 8 juillet 2013 prévoit, dans son article 10, que tous les élèves bénéficieront d'un parcours d'éducation artistique et culturelle tout au long de leur scolarité. Cette loi précise que ce parcours doit être mis en oeuvre localement et que les acteurs culturels, artistiques et associatifs sont associés. L'accès à la culture est donc inscrit dans la loi. Dans la note que vous nous avez transmise, vous évoquez rapidement l'éducation artistique et culturelle, notamment par le biais de la « diffusion de petites formes et [de] résidences en milieu scolaire ». Est-ce à dire que l'échelle du projet Médicis-Clichy-Montfermeil est finalement trop importante, que la structure est « trop grosse » pour pouvoir concerner le « très local », la classe, l'élève ? Ou cela signifie-t-il que le rayonnement métropolitain implique un territoire trop important pour développer ce parcours d'éducation artistique et culturelle ?

Cette interrogation sur l'éducation artistique et culturelle est l'occasion d'un questionnement sur le lien entre le projet culturel et l'exigence territoriale de proximité. Cette proximité est nécessaire pour l'inclusion sociale et l'appropriation du projet par les habitants, ainsi que vous l'avez souligné, mais aussi pour le développement du parcours d'éducation artistique et culturelle dans ses trois composantes : scolaire, périscolaire et extrascolaire. Selon moi, il faut à tout prix éviter un « effet tunnel » qui ferait que les projets du futur équipement n'irrigueraient pas assez les structures locales et ne concerneraient pas les enfants les plus proches. Mais je ne doute pas que vous saurez me rassurer à ce sujet.

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