Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 9 novembre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

Je ne ressens pas les choses de la même manière que M. de Mazières.

Monsieur le directeur, le projet Médicis-Clichy-Montfermeil, que vous conduisez, éveille autant d'espoirs qu'il soulève de questions. Il est séduisant et ambitieux à plus d'un titre. Je tiens à vous féliciter, et ne cache rien de l'engouement que suscite l'idée de lier, comme vous le dites, une ambition culturelle et une ambition populaire.

Ainsi que vous l'avez indiqué, l'implantation du projet n'est pas anodine : le choix d'un quartier en pleine restructuration, qui a bénéficié de nombreux travaux financés par l'ANRU, est, à mon sens, le choix le plus ambitieux. En effet, la perception de l'espace et la mobilité varient selon les populations et selon les territoires.

Plusieurs ministres se sont engagés, avec constance, dans cette démarche en faveur de la culture et de la cohésion sociale. Ce projet se fonde et se greffe presque naturellement sur ce qui a été fait depuis plusieurs années : rénovation urbaine, construction d'un nouveau tramway, modernisation de la gare. Il contribue au développement d'une infrastructure de qualité dans la région en même temps qu'il la complète. L'offre de transport public a vocation à combler la fracture spatiale. Pour votre part, vous désirez combler la fracture mentale. En effet, ce n'est pas parce qu'un établissement s'implante en banlieue que ses habitants vont automatiquement s'en emparer.

Au-delà des partenariats que vous allez conclure, entre autres, avec le Palais de Tokyo ou la MC93, je trouve que toute votre programmation est ambitieuse et inclusive. Vous ne mésestimez pas l'importance du territoire d'implantation du projet, ni celle de ses habitants. À vous entendre et à vous lire, il s'agira non pas d'un lieu fermé ou élitiste, mais, au contraire, d'un espace de collaboration et de concertation, d'un espace sans discrimination, conformément à ce que doit créer la culture, d'un espace, enfin, qui ne sera pas figé dans le temps.

À cet égard, la construction d'un lieu éphémère, qui constituera un véritable laboratoire d'idées pour le futur établissement, favorisera le lien avec les habitants et les acteurs locaux, notamment les associations et les établissements scolaires, dont ma collègue Sandrine Doucet a souligné le rôle. C'est possible : ainsi que nous l'avons vu avec le Louvre-Lens ou le centre Pompidou-Metz, toutes les formes de la culture peuvent s'ouvrir au plus grand nombre à travers un partenariat avec les établissements scolaires et une tarification progressive. Au-delà d'une programmation ambitieuse, comment comptez-vous faire, monsieur le directeur, pour ne pas laisser une frontière se créer entre les habitants et ce lieu ? Pouvez-vous nous en dire davantage sur l'espace de collaboration avec les habitants et avec le tissu culturel qui existe déjà sur le territoire ? Vous évoquez, à raison, la réappropriation du territoire par ses usagers premiers et questionnez votre propre implantation à Clichy-sous-Bois et Montfermeil. Quelle en sera la teneur ?

La diversité est le maître mot de ce projet : il doit y avoir une diversité des usages, laquelle passe obligatoirement par une diversité des projets. Un établissement de ce genre se doit d'être multiple. C'est le cas, ou cela le sera, l'ambition étant d'ouvrir trois pôles : recherche et création, diffusion culturelle, enseignement et transmission.

Je voudrais m'arrêter sur la création. Vous avez lancé un dispositif de soutien à 100 jeunes artistes, qui seront accueillis dans les écoles et collèges « les plus éloignés de l'offre culturelle ». À ce titre, vous citez, entre autres, les quartiers prioritaires, qui sont pourtant un vivier important de culture urbaine en tout genre. Allez-vous vous appuyer sur cette force vive ?

Le fait que le projet ait pris la forme d'un EPCC et les coopérations que vous avez engagées à la fois avec les collectivités territoriales et avec le ministère de la Culture témoignent de votre volonté de vous inscrire pleinement dans un territoire, tout en développant une ambition à l'échelle nationale et internationale. Je suis bien placée pour savoir à quel point il est rare de voir tous les acteurs institutionnels faire corps autour de la création d'un nouvel établissement ou du soutien à un établissement. Vous aurez des interlocuteurs nombreux, divers, dont les intentions ou les velléités seront également multiples. Pensez-vous pouvoir allier l'ambition, l'ouverture et la promotion de la culture comme facteur de cohésion sociale avec ces intentions multiples ? Comment cela peut-il s'organiser, se mettre en place ? Quelles seront vos exigences – il est nécessaire d'en avoir – pour établir ces partenariats ? Un temps de réflexion s'impose, mais vivement 2024 !

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