Intervention de Michel Piron

Réunion du 9 novembre 2016 à 8h45
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Piron :

Merci beaucoup pour cet exposé qui soulève de nombreuses questions.

Votre introduction interrogeait des concepts fondamentaux, notamment la question de la gouvernance. La mondialisation soulève de plus en plus de questions et provoque de plus en plus de réactions voire de rejet, et ce qui vient de se passer aux États-Unis le montre. La mondialisation est-elle gouvernée ? Si oui, par qui ? Pour qui ? C'est la question des termes de l'échange. Je ne veux surtout pas tenir un discours bassement protectionniste, mais nous voyons bien, un peu partout, que les promoteurs et premiers gagnants de la mondialisation parlent au moins deux langues, sont les plus mobiles, les plus instruits. En revanche, il semblerait qu'il y a beaucoup de perdants, pas mobiles, pas instruits, qui sont donc demandeurs de proximité. Les termes de l'échange de la mondialisation ne participent-ils pas à l'énorme inquiétude actuelle ?

Vous employez le terme de désintégration s'agissant de l'Europe – je suis également très inquiet de ce risque -, mais le mot est-il bien choisi pour essayer de comprendre véritablement ce qui est en train de se passer ? N'y a-t-il pas au contraire une vraie demande de réintégration, notamment à l'intérieur de chaque pays, dans un modèle beaucoup plus fédéraliste, une demande de nouveaux repères dans cette gouvernance ? N'y a-t-il pas une contradiction entre un centralisme administratif manifeste en Europe et un fédéralisme politique beaucoup moins manifeste quand il s'agit de l'impuissance politique et encore une fois de la gouvernance ? Vous avez évoqué en des termes très intéressants le cas de M. Matteo Renzi, qui, à travers ce qu'il dit et que je ne partage pas toujours, semble combattre avant tout les administrations, plus que des politiques qui n'existeraient plus. Est-ce que l'on ne fait pas face à une exaspération démocratique contre une exagération administrative ? La question de l'échelle est probablement majeure : est-ce que la politique est capable de gouverner n'importe quelle échelle – nationale, européenne, mondiale ? -, ou se retrouve-t-elle contrainte, au-dessus d'une certaine taille, à s'en remettre à l'expertise administrative, en sacrifiant son essence, c'est-à-dire sa capacité à exprimer les demandes du peuple et à véritablement gouverner ? La politique est-elle condamnée à n'être plus qu'une relation à l'extérieur, à l'étranger, que ce soit par la voie diplomatique ou celle du conflit ? Finalement, peut-on encore faire de la politique dans le contexte d'aujourd'hui ?

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