Intervention de Marylise Lebranchu

Réunion du 15 novembre 2016 à 16h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarylise Lebranchu :

On oublie trop souvent de rappeler les progrès que l'Europe nous permet d'accomplir. Je l'ai ressenti lorsque la France a pu coucher noir sur blanc les règles relatives au dialogue social dans la fonction publique, et nous ne serions pas parvenus à mettre le sujet des OGM à l'ordre du jour dans notre pays si nous n'avions pas été aidés par l'Europe. Il en a été de même sur de nombreux sujets relatifs à la consommation : les associations de consommateurs ont été les premières à tirer la sonnette d'alarme au moment de la crise de la vache folle, mais, sans l'organisation européenne, il y aurait eu dix mille morts de plus.

Dans mon pays – car la Bretagne est aussi un pays –, 60 % de la production est exportée. Nous savons bien que, si l'Europe n'était pas là pour nous aider en matière de régulation, nous serions morts, et cela explique sans doute que cette région ait été plus européenne que d'autres. Pourtant, aujourd'hui, l'euroscepticisme est bien présent, y compris en Bretagne. Il a commencé à se développer après la publication de la directive « travailleurs détachés », qui fut un véritable coup de semonce et qui a violemment porté atteinte au sentiment européen.

Mais l'euroscepticisme vient aussi d'une réticence à l'idée que l'on commence à nous faire payer pour les autres. Nous avons pourtant profité de l'Europe pour développer notre agriculture, notre agroalimentaire, nos routes, nos trains. On peut même dire que l'extrême Ouest a été hyperfinancé par les aides européennes. Or voici que, à notre tour, nous sommes obligés d'être solidaires avec des pays qui vont moins bien que le nôtre, et que nous devons faire pour eux les gestes que d'autres ont naguère faits pour nous. Je n'oublie jamais ce que ma région doit à l'Europe. Si nous sortions de l'Union et devions rendre les aides qu'elle a apportées à l'extrême Ouest, nous serions à genoux : il n'y aurait plus aucun emploi chez nous.

Nous avons tous du mal à apprécier la régulation européenne – je pense pour ma part que l'arrêt des quotas est une énorme bêtise – ou à mettre en valeur les progrès permis par l'Union européenne. Sur ces deux points, sommes-nous capables de tenir un discours positif, d'expliquer que l'Europe est l'un des grands éléments de régulation du monde ? Les plus jeunes n'ont pas un réflexe simpliste de repli sur eux pour défendre « leur » commune, « leur » pays, « leur » langue, ni même « leur » religion : le monde est leur jardin. Parmi les jeunes que je rencontre, même ceux qui sont les moins formés ont déjà visité beaucoup plus de pays en moins de trente ans d'existence que moi en soixante-dix ! Ce qui leur fait peur, ce n'est pas l'Europe, c'est la déstabilisation d'un monde dérégulé. La zone euro peut-elle jouer un rôle de régulation spécifique avec sa monnaie, ou l'Europe tout entière peut-elle être un outil de régulation ?

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