Il ne faut plus qu'il s'agisse d'une COP de transition mais d'une COP d'action. À mon sens, afin de considérer comme réussie la COP de Marrakech, il faut réaliser deux objectifs. Le premier consiste en la révision des feuilles de route des Etats, car est inséré dans l'Accord de Paris une clause de revoyure, tous les 5 ans, au cas où, comme nous venons de nous en apercevoir, l'addition des engagements de tous les Etats ne nous permet pas de rester sur une trajectoire nous menant à un réchauffement climatique limité à 2° C.
Et cette clause nous permet de revisiter les feuilles de route des Etats aux alentours de 2023. Or l'idée de certains scientifiques et de certains négociateurs est de procéder à cette révision dès 2018. Il pourrait donc y avoir à Marrakech un débat portant sur la suggestion selon laquelle, du fait de l'urgence et du fait que nous nous dirigeons vers un réchauffement de 3 à 3,5° C, il ne faut pas attendre 2023 et demander la révision des engagements de tous les pays en 2018. Ce sera difficile à obtenir, mais c'est vraiment un objectif fort.
Le deuxième objectif, me semble-t-il, porte sur la question financière. Rappelons que cette question est tout à fait centrale. L'engagement pris en 2009 à Copenhague visait à allouer à la lutte contre le réchauffement climatique 100 milliards de dollars tous les ans, à partir de 2020. Aujourd'hui, une étude réalisée par l'OCDE il y a quelques mois indique que les contributions mobilisées seraient de 67 milliards de dollars, soit les deux tiers de l'objectif, au prix d'un calcul incluant des crédit et lignes budgétaires de toutes sortes. Ce rapport a été contesté au motif que l'OCDE aurait additionné tout et n'importe quoi, et que des lignes budgétaires déjà existantes – l'aide au développement, par exemple – ont été incluses de façon trop large. Ce rapport a donc fait feu de tout bois afin d'obtenir un total aussi conséquent que possible.
Les deux objectifs sont donc de répondre aux enjeux suivants : premièrement, sera-t-on capable de modifier la trajectoire, c'est-à-dire d'exiger de tous les pays qu'ils modifient leurs feuilles de route et qu'ils les soumettent à nouveau à la CCNUCC en 2018 afin de baisser les niveaux d'émissions, et deuxièmement, sommes-nous capable de mobiliser la somme prévue initialement en 2009 pour lutter contre le dérèglement climatique ?
Si l'on arrivait à obtenir un accord sur ces deux points, une grande partie du chemin aurait été parcourue. Mais la réalisation de tels objectifs risque d'être difficile.