Nous n'avons guère de détails sur le budget de la Fondation car nous n'avons pas de coopération directe avec elle.
Les situations des populations russe, turque et américaine diffèrent. La présence des Russes en Azerbaïdjan est ancienne, remontant au XVIIIe siècle et même avant, et des Russes sont restés après l'indépendance tandis que d'autres sont venus ; on estime leur nombre total à 120 000 environ ; avec les Ukrainiens et les Tatars, ils forment une population de presque 200 000 personnes, que l'on trouve en particulier dans les élites intellectuelles et universitaires et dans le monde des affaires. Il y a une familiarité réelle entre eux et les élites azerbaïdjanaises, qui ont souvent suivi des études supérieures à Moscou – le fait d'avoir étudié en Russe leur valant brevet de prestige culturel… et d'européanité. Les Russes sont donc très présents : l'université d'État Lomonossov de Moscou a une antenne à Bakou. Pratiquement tout le monde parle fort bien le russe et ce n'est un secret pour personne que la Russie fournit l'Azerbaïdjan en matériel militaire ; c'est d'ailleurs classique dans les pays de l'ancienne URSS, qui ont hérité de stocks importants de matériel soviétique – et l'on ne change ni de matériel ni de formation du jour au lendemain. Cela n'empêche pas l'Azerbaïdjan d'être membre du partenariat pour la paix de l'OTAN.
Les Turcs ne sont pas très nombreux mais la relation entre les Azerbaïdjanais et eux est forte et instinctive, en premier lieu parce que l'azéri est une langue turcique. Selon un dicton, en Azerbaïdjan, « les élites sont russes, la rue est turque ». Il existe une grande sympathie pour le voisin turc, une confiance profonde qui tranche avec la méfiance persistante à l'égard de la Russie qu'expliquent les massacres commis au cours des temps, le plus récent ayant eu lieu le 20 janvier 1990. Cette confiance historique ne signifie pas que les autorités azerbaïdjanaises approuvent tout ce que font les Turcs ; l'évolution actuelle, moins séculière, de la Turquie suscite des interrogations, mais elles ne sont jamais exprimées publiquement. La Turquie est très présente dans le domaine économique. Sa présence culturelle est si diffuse qu'elle ne s'appuie pas sur une politique d'implantation de réseau.
Après la chute de l'Union soviétique, les États-Unis ont consenti un fort investissement initial en Azerbaïdjan pour contrer ce qu'il y restait de l'URSS et pour sécuriser l'accès des Occidentaux aux ressources pétrolière et gazière. Ils ont jeté les bases du corridor gazier Sud, et veillé à ce que le « contrat du siècle » soit remporté par un consortium largement occidental mené par British Petroleum (BP). Cet intérêt d'ordre géopolitique et énergétique s'est ensuite amoindri – mais cette appréciation doit être tempérée par le fait que les États-Unis co-président, avec la Russie et la France, le groupe de Minsk et se tiennent donc informés par ce biais de l'évolution du pays. Ce désengagement relatif s'est infléchi il y a plusieurs mois : les États-Unis redécouvrent en quelque sorte l'importance de l'Azerbaïdjan, d'abord pour des raisons énergétiques. On est au coeur de la politique de diversification des routes énergétiques, en particulier celles qui tendent à contourner la Russie ; tel est le cas du corridor gazier Sud dans son nouveau tracé, et l'Envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Energie a assisté au conseil ministériel relatif au corridor gazier Sud qui a entériné les deux segments – le TANAP (gazoduc transanatolien) et le TAP (gazoduc transadriatique) – et les financements gigantesques que demande l'achèvement de ce projet. Les États-Unis sont aussi conscients de l'importance stratégique de l'Azerbaïdjan, pays de transit réel ou potentiel, dans la lutte contre le terrorisme dans la Caspienne. Les Américains sont relativement nombreux en Azerbaïdjan, mais moins qu'autrefois car ils étaient présents par le biais d'ONG qui pour certaines ont dû plier bagage. Ils gardent toutefois une forte influence, et la visite du président Aliev au président Obama lors du 4e sommet sur la sécurité nucléaire, fin mars dernier, a été un élément positif, comme l'a été la visite de Mme Federica Mogherini, Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Les rapports entre l'Azerbaïdjan et l'Iran sont complexes. La relation entre les deux pays est très ancienne. De nombreuses provinces azéries ont fait partie de la Perse, la frontière entre les deux pays a bougé, comme l'illustre l'exemple de la ville de Tabriz, et au moins 25 millions de personnes de souche azérie vivent en Iran, où cette minorité joue un rôle réel mais non décisif. Le président Aliev privilégie une stratégie pragmatique que je pense avisée : mettant à profit le caractère réformiste de M. Hassan Rohani, président de la République islamique d'Iran, il a noué des contacts avec l'Iran il y a quelques années, alors que ce pays espérait la levée des sanctions internationales, et a fait savoir que l'Azerbaïdjan était prêt à contribuer à la reprise de l'économie iranienne et à la modernisation des infrastructures. Une dizaine d'accords de coopération technique ont été signés dans ce cadre ; c'est aussi une manière pour l'Azerbaïdjan de garder un oeil sur les projets iraniens, qu'il s'agisse de l'extraction pétrolière et gazière ou de circuits d'évacuation du gaz, puisqu'il y a en ce domaine un potentiel iranien et peut-être aussi irano-turkmène. Ces accords permettent à l'Azerbaïdjan de nouer une relation lui donnant un bon angle de vue, sachant que la situation économique de l'Iran est telle que l'Azerbaïdjan ne craint pas sa concurrence dans le secteur des hydrocarbures avant bon nombre d'années. Le président Aliev a aussi réussi un coup de maître en créant le format trilatéral russo-azerbaïdjano-iranien concrétisé par les réunions ministérielles, des coopérations techniques et, surtout, un sommet au début du mois d'août à Bakou qui a fait couler beaucoup d'encre. Je ne suis pas certaine que la Turquie ait été particulièrement enthousiaste, mais l'Azerbaïdjan était peut-être heureux de s'affirmer.
Entre l'Azerbaïdjan et Israël existe une relation de confiance solide depuis quelques années déjà. Israël est très présent et les relations sont excellentes, y compris avec des membres du gouvernement israélien.