Je salue votre courage et votre constance dans ce combat. Lorsque nous nous battons ici pour les droits de l'homme, nous ne le faisons pas dans des conditions aussi difficiles et dangereuses que vous dans votre pays.
Je préside le groupe d'amitié de l'Assemblée nationale avec le Burundi depuis 2007. Je me suis rendu à cinq reprises dans le pays.
Un constat s'impose : l'entêtement du pouvoir. Dès les élections de 2010 qui s'étaient déroulées dans des conditions peu acceptables – l'opposition s'est retirée et n'a pas participé aux élections législative et présidentielle qui ont suivi –, nous avions interpellé les autorités. Nous avons obtenu pour seule réponse qu'il n'y avait pas de problème, que la contestation était marginale et que la population restait en majorité favorable au pouvoir. Un clan s'est installé, sourd à toutes les pressions, qu'elles proviennent de l'Union africaine ou des Nations Unies. En réponse aux inquiétudes qui s'expriment, il tient des propos rassurants et refuse toute réorientation. Jusqu'où ce clan veut-il conserver le pouvoir ? La perte du pouvoir menace la survie économique de la toute petite minorité qui confisque les aides extérieures. Beaucoup de gens vivent de l'exercice du pouvoir.
Le système est très bloqué. Face à l'enfermement du président, quel levier serait en mesure de le faire bouger ?
La mise à disposition des contingents burundais pour faire pression sur le président est un point important.
D'autres puissances agissent-elles – la Russie mais aussi la Chine à la faveur d'un rapprochement récent ?
L'annonce d'un recensement au sein de l'administration pour vérifier l'équilibre ethnique qui avait été défini par les accords d'Arusha suscite de vives inquiétudes. On ne peut pas aujourd'hui parler de conflit ethnique – puisque des responsables hutus se sont opposés au président – mais on assiste à des tentatives d'instrumentalisation très dangereuses. Le recensement peut-il déraper ?