La communauté internationale considère que le problème est burundais et que la solution sera trouvée par les Burundais ou par l'Union africaine.
J'aime souvent le dire, le Burundi, le Rwanda et la République démocratique du Congo souffrent du même mal. Tous les présidents sont atteints de la même maladie : la volonté de rester au pouvoir des années et des années. J'étais présent en Ouganda lors de la médiation conduite par le président Museveni en tant que membre du mouvement « halte au troisième mandat ». Museveni ne voulait pas entendre parler de troisième mandat, mais il en est lui-même à son énième mandat. Comment trouver la solution alors que vous êtes malade des mandats ? Ce n'est pas possible. Dès lors que beaucoup de pays de l'Union africaine connaissent les mêmes problèmes, il leur est très difficile de trouver une solution.
Je l'ai déjà dit, ce qui tue le pays, c'est le manque de justice et l'impunité. Un pays sans justice ne peut pas recouvrer la paix. C'est la raison pour laquelle nous sollicitons la justice internationale. S'il y avait une justice au Burundi, nous n'aurions pas besoin d'en appeler à la CPI.
Au Burundi, la justice est un instrument entre les mains de l'exécutif. La police judiciaire ne peut pas travailler car elle est sous les ordres de la police présidentielle, le service national de renseignement.
Si la justice ne travaille pas convenablement, il est difficile de faire revenir la paix au Burundi. Nous nous heurtons à l'impunité et au manque d'indépendance de la magistrature. J'ai assisté à des procès en Europe : le juge est indépendant ; il prend sa décision sans quelqu'un dans son dos.
Au Burundi, le président concentre tous les pouvoirs : il est le chef de l'État, le commandant suprême des forces armées, le magistrat suprême de la magistrature, le président du Conseil supérieur de la magistrature. Le magistrat n'a rien à dire devant lui. La décision revient au pouvoir exécutif. C'est la maladie dont nous souffrons.