Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 23 novembre 2016 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton, présidente :

Je souhaite revenir sur le grave incident de ce matin.

L'orateur du groupe majoritaire, Alain Ballay, a pris la parole après que notre rapporteure, Catherine Coutelle, a présenté la proposition de loi émanant du groupe Socialiste, écologiste et républicain. Pendant son intervention, il a, d'une phrase, évoqué un sujet qui a fait l'objet de nombreux propos à l'occasion de la primaire de la droite – la gauche organisera la sienne en son temps. Il n'est pas inhabituel d'avoir, en ces périodes, une petite phrase sur les sujets qui s'imposent à nous au travers des médias. J'ai moi-même entendu, hier, les deux candidats encore en lice dans la primaire de la droite parler de sujets récurrents : l'IVG, à propos duquel il s'agissait de savoir si l'un des deux candidats était plus soucieux des droits des femmes ; la réduction du nombre de fonctionnaires, que l'un voulait porter à 500 000 et l'autre à 300 000. Ce n'est pas le groupe Socialiste, écologiste et républicain qui a lancé le débat sur ces sujets. Cela s'est passé en dehors de l'Assemblée nationale.

La petite phrase qu'a prononcée M. Ballay n'avait rien de méchant. Il arrive à l'opposition d'en faire autant à propos de sujets lancés par les groupes de la majorité. En tout cas, elle n'avait rien à voir avec la réaction « quasi hystérique » qu'elle a provoquée. En entrant dans la salle, ce matin, j'ai eu l'impression d'entrer dans une bouteille de gaz qu'une étincelle suffirait à faire exploser. Et ce fut le cas. Je regrette que les caméras ne filment pas intégralement ce qu'il se passe. En l'occurrence, j'ai vu des députés debout, hurlant et vociférant. J'ai entendu, je cite : « C'est un connard ». J'ai eu un doute, mais j'ai entendu ensuite : « Qui est ce con ? ». C'est tout à fait audible sur la vidéo.

Puis, alors que nous reprenons nos travaux après la suspension, j'entends encore : « De toute façon, il n'est que suppléant ! » M. Ballay, qui a remplacé notre regrettée Sophie Dessus, décédée trop tôt, vaut autant qu'un autre député. Tout comme, je le dis moi-même souvent, un député de l'opposition est égal à un député de la majorité. Lorsqu'il arrive un drame, comme un décès, ou lorsqu'un député est nommé ministre, les suppléants deviennent députés, et ils ont la même légitimité. Ces trois propos m'ont heurtée à titre personnel comme ils ont heurté l'ensemble des députés des groupes majoritaires. J'ai donc interrompu la réunion afin que nous puissions reprendre nos débats dans des conditions normales.

Je tiens à souligner, pour les gens qui nous regardent, que contrairement à ce qu'on peut lire dans les communiqués de presse, il n'a jamais été question de refuser la parole à qui que ce soit. J'ai regardé la vidéo. J'ai dit que vous auriez tout le temps de parole que vous vouliez puisque les groupes peuvent s'exprimer chacun cinq minutes et qu'ensuite, tout député qui le souhaite peut intervenir, quitte à ce que nos débats nous entraînent jusqu'à treize heures ou treize heures quinze, ce qui est tout à notre honneur, d'ailleurs. J'avais donc l'intention de donner la parole à tout le monde. Certes, l'IVG est toujours un sujet délicat, mais la phrase de M. Ballay n'aurait pas dû susciter une telle crise d'hystérie. J'invite chacun d'entre vous à aller regarder la vidéo de ce qu'il s'est passé ce matin entre 9 heures 30 et 9 heures 45.

Je souhaiterais maintenant que nous en revenions tranquillement à l'examen de la proposition de loi.

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