Depuis la loi Veil, l'interruption volontaire de grossesse est dépénalisée et elle donne aux femmes la possibilité d'avorter dans des conditions sûres et légales. Ce droit fondamental à pouvoir disposer de leur corps, les femmes l'ont obtenu de haute lutte, après des dizaines d'années de combat contre les éléments les plus réactionnaires de la société. Nous avons longtemps cru que ces avancées étaient irréversibles. Pourtant, nous devons bien convenir qu'il nous faut encore réaffirmer que le droit à l'avortement n'est pas une opinion mais bien une liberté fondamentale pour toutes les femmes.
Tout comme vous, madame la rapporteure, j'observe la force et la vigueur des activistes et des lobbyistes anti-IVG qui disposent de solides relais au sein même de notre Parlement. Durant cette législature, nous avons déjà dû, dans cette commission, nous opposer vivement à l'initiative d'une vingtaine de députés de droite qui, en 2014, souhaitaient dérembourser l'interruption volontaire de grossesse, considérant que la suppression de la notion de détresse interdit tout remboursement de l'avortement par la sécurité sociale puisque l'acte devient un libre choix. Pour d'obscurs motifs juridiques, lors de l'examen de la loi relative à l'égalité et à la citoyenneté, la majorité sénatoriale a refusé d'examiner un amendement gouvernemental qui proposait d'étendre le délit d'entrave à l'IVG à toute action visant à bloquer l'information.
Alors oui, il est plus qu'urgent de lutter contre l'influence grandissante et préoccupante de ces sites anti-IVG ne s'affichant pas comme tels et qui diffusent des informations faussées sur l'IVG ou ses conséquences. Dotés d'un numéro vert fonctionnant sept jours sur sept, ils prétendent être à l'écoute des femmes dans le but de les aider à prendre la bonne décision. En réalité, ils orientent les choix. C'est ainsi qu'ils inondent leur site de témoignages de femmes qui ont mal vécu leur IVG et le regrettent. Ils se focalisent sur les risques encourus et les amplifient : hémorragies, affections, embolies, stérilité, accouchements prématurés lors de grossesses ultérieures. Ils affirment que les tentatives de suicide sont six fois plus élevées parmi les adolescentes qui ont eu recours à un IVG.
Oui, il est plus qu'urgent de sanctionner ceux qui tentent de culpabiliser les femmes afin de les dissuader de recourir à l'IVG, niant la capacité de ces dernières à décider, à faire leur propre choix.