Intervention de Marion Maréchal-Le Pen

Séance en hémicycle du 28 novembre 2016 à 16h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2017 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarion Maréchal-Le Pen :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d’État, chers collègues, sans surprise, le déficit du PLFSS perdure, malgré un tripatouillage tout aussi maladroit qu’insincère. Il serait réduit à 400 millions d’euros en 2017, mais le Gouvernement oublie de mentionner le déficit de 3,8 milliards d’euros du Fonds de solidarité vieillesse, qui constitue pourtant l’une des cinq branches de la Sécurité sociale depuis 1993 ! Ainsi, selon le Gouvernement, l’équilibre n’est rien d’autre qu’un déficit de 4,2 milliards d’euros ! Par ailleurs, ce budget mensonger a été calculé sur la base de prévisions de croissance surévaluées. Pendant que vous prenez vos rêves pour des réalités, madame la ministre, la réalité s’avère être un cauchemar dans lequel la Sécurité sociale présente une dette s’élevant à 156 milliards d’euros, ce dont vous et l’ancienne majorité de droite êtes coresponsables !

Je vous concède que ce budget présente un léger rééquilibrage par rapport aux années précédentes, réalisé sur le dos des ménages et des entreprises qui ont dû consentir à 50 milliards d’euros d’impôts et de cotisations supplémentaires depuis 2012. Les familles, notamment, ont payé un lourd tribut tout au long de ce quinquennat : baisse du plafond du quotient familial, fin de l’universalité des allocations familiales, diminution de moitié de l’allocation de base de la prestation d’accueil du jeune enfant, réforme du congé parental et enfin fiscalisation des majorations de retraite versées aux parents ayant élevé au moins trois enfants ! Les familles ont donc été la variable d’ajustement favorite des socialistes. Mieux aurait valu préserver les familles françaises et appliquer la priorité nationale aux aides sociales non contributives !

Nos aînés, eux non plus, n’ont pas été épargnés. La baisse de la CSG payée par un demi-million de retraités modestes est amplement insuffisante et n’effacera pas le gel des pensions de retraite en vigueur depuis 2013. Leur pouvoir d’achat fond sous la pression de la fiscalité et du coût de la vie. Le retour à son indexation annuelle sur l’évolution des salaires est souhaitable et devrait s’accompagner d’une révision des régimes spéciaux de retraite ainsi que d’une harmonisation des régimes publics et privés en matière de calcul des pensions et de jours de carence.

Au lieu de cibler les mauvaises dépenses, vous détériorez la fonction publique hospitalière. Les économies d’échelle demandées aux hôpitaux, sous la forme des groupements hospitaliers de territoire, risquent d’entraîner la fermeture arbitraire de services tels que les urgences ou les maternités, donc la perte de lits et d’emplois. Vous continuez d’y instiller une logique de rentabilité qui porte préjudice aux établissements de santé situés dans les territoires en voie de désertification médicale.

Par ailleurs, la généralisation du tiers payant constitue une difficulté supplémentaire pour les médecins, dont le nombre demeure insuffisant. Plus de 2,5 millions de nos compatriotes vivent dans des déserts médicaux et ce fléau s’aggrave : 25 % des médecins généralistes pourraient disparaître entre 2007 et 2025. Je n’évoque même pas les spécialistes, notamment les gynécologues pour la consultation desquels les Françaises parcourent en moyenne quarante-cinq minutes de trajet et patientent cinquante jours. La ruralité est particulièrement laissée pour compte et la fermeture des services de santé affecte son développement économique. Pour y remédier, les professionnels de santé devraient être familiarisés avec les territoires dès leur scolarité, notamment par des stages dans les déserts médicaux répertoriés, et le numerus clausus à l’université de médecine enfin desserré.

Sont aussi complètement oubliés les milliards envolés en raison des fraudes massives aux prestations familiales,…

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