Je m'exprimerai au nom du groupe Socialiste, écologiste et républicain.
Areva a engagé depuis 2014 une profonde restructuration de la filière nucléaire, qui touche aujourd'hui à sa fin ; elle inclut la vente de l'activité réacteurs à EDF, qui prend une part du risque. Aujourd'hui, la situation suscite de grandes interrogations et des inquiétudes. L'équation est particulièrement délicate, car les problèmes se cumulent les uns aux autres : des investissements industriels considérables à réaliser, des difficultés concernant les outils industriels d'Areva, l'arrêt de plusieurs réacteurs au moment où l'on s'interroge sur la fourniture d'électricité cet hiver. Ce dernier point occupe nombre de nos auditions.
L'ASN signale par ailleurs des anomalies affectant la forge du Creusot. Vous vous dites prêt à apporter des précisions sur ce point ; nous aimerions en effet savoir comment vous allez procéder.
La filière rencontre des problèmes techniques liés à la qualité des fabrications de plusieurs sites industriels. La question se pose donc du maintien des compétences clés. Dans ce contexte, comment garantir durablement l'excellence industrielle et la compétitivité de l'offre nucléaire française ? Comment rebondir alors même que le plan de performance en cours inclut d'importantes réductions des effectifs salariés, donc des pertes de compétences ?
En ce qui concerne la reconfiguration capitalistique, l'entrée au capital des Chinois, des Japonais et des Kazakhs était inimaginable il y a encore quelques mois. Vous nous dites que les discussions se poursuivent, mais vous semblez confiant dans l'aboutissement du processus de recapitalisation. Vous avez répondu par anticipation à mes questions sur le prix d'entrée et le calendrier. Mais j'aimerais en savoir plus sur la représentation des nouveaux investisseurs au conseil d'administration et sur l'influence qu'ils pourraient exercer sur les décisions stratégiques. Ils attendent naturellement des retours sur leur investissement. Vous avez également évoqué les perspectives sur le marché nucléaire, notamment asiatique, ouvertes par ce partenariat.
Le tournant auquel nous nous trouvons n'est-il pas suffisamment décisif pour tenter de formuler un diagnostic complet – industriel, technologique, économique et social – de l'état de la filière nucléaire ? D'autant que le comité stratégique de la filière nucléaire semble aujourd'hui en sommeil.