Intervention de Mathieu Gallet

Réunion du 22 novembre 2016 à 16h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Mathieu Gallet, président-directeur général de Radio France :

Vous êtes nombreux à m'avoir interrogé sur le vieillissement des audiences. C'est un constat : le public de la radio, comme celui de la télévision, vieillit plus rapidement que l'ensemble de la population. Les mesures d'audience que Médiamétrie nous a communiquées vendredi dernier nous ont toutefois apporté une réelle satisfaction, car elles montrent que parmi les 1,3 million d'auditeurs supplémentaires enregistrés entre juin 2014, date à laquelle je suis arrivé à Radio France avec mon équipe, et octobre 2016, 330 000 sont âgés de treize à trente-quatre ans. C'est un fait remarquable qui nous conforte dans notre stratégie en partie fondée sur une diffusion via l'image. Les jeunes générations sont celles de l'image, elles ont été élevées dans une société de l'image. On peut continuer à faire de la bonne radio, mais la place de l'image est essentielle, et il faut aussi adopter les bons canaux de diffusion. Nos humoristes contribuent évidemment à rallier un public jeune, puisque nous diffusons leurs interventions sur les plateformes de partage et sur les réseaux sociaux, mais aussi certains programmes comme « Expliquez-nous… », que vous avez évoqué, ou d'autres, destinés à de jeunes publics, qui ont adopté des codes visuels adaptés à ces derniers.

Un rajeunissement des audiences constituerait un objectif difficilement atteignable, mais nous avons au quotidien le souci de limiter le plus possible leur vieillissement, et celui de conquérir la cible des moins de quarante-neuf ans. Dans cette perspective, l'audience de nos principales stations est essentielle, mais Mouv' a évidemment un rôle à jouer.

J'ai eu le sentiment qu'il y avait dans le propos de M. Rudy Salles une sorte de fixation sur la chaîne jeunesse du groupe Radio France ; il me semble utile de vous communiquer quelques chiffres. J'avais inscrit dans le projet présenté devant le CSA et je persiste à penser que le service public ne peut pas concentrer son offre sur le public de cinquante ans et plus, sans quoi il n'est plus le service public mais le service d'un certain public, ce qui, à mon sens, n'est pas sa vocation. Selon les sondages Médiamétrie de septembre-octobre 2016, Mouv' atteint 0,5 % d'audience cumulée. Il s'agit de la meilleure rentrée de la station depuis 2010, avec un gain de 60 000 auditeurs en un an. L'audience cumulée sur les 25-35 ans est passée de 1,1 à 1,9 point, et sur les 13-19 ans, de 0,3 à 0,9 point, avec une augmentation significative en région parisienne où l'on constate une hausse de 0,4 à 0,9 point. Mouv' qui, je le rappelle, ne dispose que d'une trentaine de fréquences FM, doit aussi son succès au numérique. Depuis un an et demi, nous avons enregistré des augmentations très significatives de l'audience, notamment sur Facebook, sur YouTube, ou sur le réseau Snapchat, qui n'était pas développé comme aujourd'hui au début de cette période. Dans le même temps, de vrais efforts de gestion ont été consentis s'agissant de cette chaîne. Son budget est passé de 5,9 millions d'euros, en 2013, à 5,3 millions, en 2016. Les effectifs ont également été mis à contribution. On peut donc développer l'audience avec un budget serré si l'identité éditoriale et la cible recherchée sont les bonnes.

Des questions m'ont été posées sur Franceinfo. Delphine Ernotte, moi-même et nos équipes avons pensé la nouvelle chaîne comme une chaîne numérique. J'avais défendu très tôt l'idée qu'une chaîne d'information devait être présente sur la télévision numérique terrestre (TNT) si elle voulait disposer d'une puissance suffisante. Nous avons un objectif clair : intégrer le trio de tête des médias numériques français. Nous n'en sommes aujourd'hui pas très loin : selon les mois, nous nous plaçons en quatrième ou en cinquième position. Certes, l'audience sur la TNT est encore relativement faible, mais si nous ne la mesurons pas, ce n'est pas pour cacher les chiffres, c'est parce que l'abonnement à Médiamétrie a un coût et que, compte tenu du budget contraint de Franceinfo, nous n'avons pas souhaité faire cette dépense. Il faudra évidemment faire un point à la fin de la première année de diffusion. Une évolution du format à l'antenne est prévue pour le début de l'année 2017. Une réflexion est en cours sur la place du rappel des titres en 90 secondes. Elle ne vise pas, bien au contraire, à remettre en cause la contribution de Radio France et de la radio France Info au projet de média global, qui a permis par exemple, dimanche soir dernier, au service public de proposer une bonne information en continu pour le premier tour de la primaire de la droite.

Il faut se souvenir que cette chaîne n'a pas encore trois mois : nous avons tous oublié les débuts de BFM TV en 2005, ou ceux de LCI, il y a vingt ans. Je demande que l'on nous laisse un peu le temps de progresser. Nous faisons des efforts nécessaires, et l'offre éditoriale s'améliorera tous les mois.

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