Intervention de Michel Orier

Réunion du 22 novembre 2016 à 16h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Michel Orier, directeur de la musique et de la création culturelle à Radio France :

La musique constitue le deuxième axe du contrat d'objectifs et de moyens, ce qui témoigne de la place majeure qu'elle occupe, à l'image des formations musicales de Radio France, ensembles de très haut niveau sur lesquels il est possible de s'appuyer pour traiter des enjeux musicaux de demain. Il faudra encore consentir un certain nombre d'efforts, mais nous avons la chance de bénéficier de l'ouverture, il y a deux ans, d'une nouvelle salle magnifique : l'auditorium. Avec cet établissement tourné vers le public, Radio France a dû adapter les métiers et les compétences de certains de ses personnels. Cette activité en plein essor a permis d'enregistrer une augmentation de 26 % du public payant pour la dernière saison. Elle permet d'inscrire la musique et une offre culturelle très forte au sein de la Maison de la radio.

Son développement passe par une meilleure « éditorialisation ». Il est aujourd'hui possible de proposer une offre de concerts très abondante, mais également de monter de très grands événements, comme ce que nous avons organisé avec « La nuit américaine », le 8 novembre dernier, pour l'élection présidentielle aux États-Unis. Une nouvelle offre de services, par exemple avec l'ouverture d'un bar ou d'un restaurant, nous permettra aussi de participer pleinement à la formidable vivacité de l'offre musicale à Paris et en Île-de-France, dont témoigne le succès de la Philharmonie de Paris et d'autres salles.

Notre force de production est au coeur de ce dispositif : c'est tout l'enjeu de la négociation des accords collectifs, et du redimensionnement des formations musicales. Nous voulons développer les conditions de la durabilité de l'excellence artistique. Les trois formations permanentes et la maîtrise jouent dans un environnement international d'extrêmement haut niveau. Elles nous permettent de tenir notre rang parmi les grandes nations musicales dans le contexte budgétaire que nous connaissons.

Nous sommes confrontés aux mêmes questions que l'ensemble des formations musicales : le renouvellement du public et des formes du concert, la conquête de territoires dans lesquels elles ne s'aventurent plus ou pas assez – je pense en particulier à la musique de film qui profite de l'excellence de nos musiciens, de nos techniciens, de nos matériels et de nos studios –, et l'inscription dans les nouveaux médias et dans les nouveaux usages. La présence numérique a été évoquée, et il ne faut pas oublier les webradios et l'évolution du rapport de la musique à l'image, qui permet d'envisager des captations audiovisuelles plus régulières.

Il faut enfin améliorer le rapport aux antennes avec des projets communs qui doivent se développer encore davantage. Cela nécessite un peu plus de flexibilité. Ce qui a été fait avec le Mouv' pour le concert « Hip Hop Symphonique », le 2 juillet dernier, a rencontré un très bel écho. Radio France s'adresse ainsi à de nouveaux publics en favorisant les croisements et les nouveaux usages.

Ces sujets sont au coeur de nos négociations avec les musiciens des formations de Radio France, évidemment très impliqués, et très concernés par ces enjeux. Le redimensionnement demande un effort de productivité supplémentaire à l'ensemble des musiciens, qui en sont tous conscients. C'est la condition pour faire en sorte que Radio France soit dans les toutes premières places au service de l'ensemble des Français. Car si les antennes donnent un pouvoir de diffusion extraordinaire qui permet de démocratiser la musique en s'adressant à des publics extrêmement larges, il ne faut pas oublier la présence qu'assurent les orchestres et le choeur de Radio France lors de grands événements artistiques ou dans des programmations artistiques de haut niveau, comme à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées ou à la Philharmonie, mais aussi au festival de Saint-Denis, à celui de Montpellier, ou aux Chorégies d'Orange… Plus globalement, la nouvelle organisation du travail à laquelle nous aspirons doit aussi nous permettre de faire en sorte que la musique soit plus présente dans les territoires et que les formations de Radio France se produisent davantage dans les grandes salles françaises pour y rencontrer le public en région.

Le président Gallet et moi-même nous trouvions la semaine dernière à Munich où l'Orchestre philharmonique se produisait dans le cadre d'une tournée qui a rencontré un très grand succès. L'orchestre a joué dans de grandes salles prestigieuses comme la Philharmonie de Berlin, et, comme lors de chaque tournée de nos formations, on lui a demandé de revenir prochainement – cela a été également le cas, au début de l'année, pour l'Orchestre national en tournée aux États-Unis. Les orchestres de Radio France sont des ambassadeurs de la culture et notamment de la musique française – dans ce répertoire, leur son est évidemment très apprécié. Tenir ce rang, avec les moyens dont nous disposons aujourd'hui, nécessite toutefois de s'inscrire dans la dynamique en cours et de consentir aux efforts nécessaires.

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