Intervention de Mathieu Gallet

Réunion du 22 novembre 2016 à 16h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Mathieu Gallet, président-directeur général de Radio France :

En 2015, nos ressources propres ont diminué sous l'effet, d'une part, du mois de grève qui nous a fait perdre près de 2 millions d'euros de recettes publicitaires, et, d'autre part, de la perte de la radio autoroutière 107.7. Un concurrent a répondu à l'appel d'offres par une proposition commercialement très agressive, ce qui nous a fait perdre 0,7 million d'euros.

L'année 2016 est particulièrement importante pour nous en termes de ressources propres puisque la modification du cahier des missions et des charges a permis d'ouvrir nos antennes à tous les types d'annonceurs. Cependant, cette ouverture n'est intervenue qu'au mois d'avril, alors que le budget prévoyait qu'elle aurait lieu dès le début de l'année : un trimestre a donc été perdu. Il reste que cette évolution est d'autant plus la bienvenue qu'une baisse sensible de la présence de nos annonceurs traditionnels de la banque et de l'assurance mutualiste a été enregistrée – ce recul avait été anticipé s'agissant des mutuelles, qui avaient augmenté leurs budgets publicitaires en 2015 en raison de l'obligation nouvelle de se couvrir auprès d'elles avant la fin de l'année. Aujourd'hui, nous prévoyons de nous situer un ou 1,5 million d'euros en dessous de ce que nous avions budgété. Le mois de décembre est généralement assez porteur en termes de publicité, et nous espérons pouvoir rattraper une partie de ce retard – même si les limitations qui nous sont imposées en volume empêchent une réelle élasticité. Les recettes de billetterie des concerts sont en revanche en forte progression : elles devraient atteindre 2,6 millions d'euros d'ici à la fin de l'année. La mise en place d'une politique marketing et commerciale visant à conquérir et à fidéliser un public commence à payer.

Plusieurs d'entre vous m'ont interrogé sur le climat social à Radio France. Je le qualifierai de constructif. Je crois que Michel Orier, qui consacre beaucoup de temps en ce moment à la négociation de l'accord avec les musiciens, n'y est pas pour rien. En 2015, nous avons signé un nouvel accord avec les journalistes. Restent donc à traiter la question des personnels techniques et administratifs, ainsi que le cas des musiciens et des CDD d'usage. Nous disposons encore de quelques semaines avant la fin de ces négociations. En tout début d'année, nous proposerons un texte à la signature. S'il n'a pas l'assentiment des partenaires sociaux, il nous faudra prendre des mesures de façon unilatérale, qui seront forcément moins-disantes.

Je le répète, je trouve le climat social constructif, comme l'état d'esprit des syndicats de la maison, ce qui n'est pas évident dans un contexte de non-remplacement des départs naturels. À ce titre, nous constaterons cette année probablement une baisse de soixante emplois plutôt que de quatre-vingt-dix. Si l'on y ajoute des effets de noria et l'effet frictionnel, le panachage de mesures nous permettra de tenir la trajectoire de masse salariale prévue – même si ce n'est pas exactement comme nous l'avions envisagé. Mme Sybile Veil, la direction financière, et la direction des ressources humaines y sont attentives. Le budget de l'année 2017 est particulièrement contraint puisque l'on nous demande en une seule année un effort considérable de 10 millions d'euros sans modifier le périmètre qui est le nôtre. La tâche est difficile, et nous avons passé toute la semaine dernière à construire ce budget. J'ai bon espoir que nous viendrons à bout de ce défi.

Le numérique constitue pour nous un enjeu car il permet de limiter le vieillissement de nos audiences et de conquérir de nouveaux publics. En 2015, Radio France y a consacré 5,3 millions d'euros en investissement et en fonctionnement. En 2016, le budget du numérique s'élèvera à presque 10 millions ; en 2017, il sera supérieur à 11 millions. Il s'agit d'un effort considérable mais nécessaire en cette période de contraintes budgétaires, même si nous sommes encore très loin du niveau atteint par des groupes concurrents – le groupe RTL consacre par exemple 10 % de son budget au numérique.

Nous avons des liens avec des start-up et avec des entreprises qui développent des solutions innovantes, non seulement en France mais également à l'étranger. Je considère qu'il est essentiel qu'un groupe de médias entretienne des relations fortes avec les lieux où les choses bougent en la matière. Je pense évidemment à la Californie, mais aussi par exemple à Israël où se trouvait notre directeur du numérique il y a quinze jours. Il a pu voir tout ce qui s'y faisait et revenir avec des idées de partenariat et de développement.

La cybersécurité est devenue un enjeu pour tous les médias après l'attaque subie par TV5 Monde au mois d'avril 2015. Cette même année, un certain nombre de recommandations ont été formulées à la suite d'un audit de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI). Un budget d'investissement complémentaire est prévu pour les années 2017-2018. Il reste à ce jour inférieur aux dépenses que la mise en place des recommandations de l'ANSSI rendrait nécessaire.

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