Intervention de Cécile Claveirole

Réunion du 30 novembre 2016 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Cécile Claveirole, membre du Conseil économique, social et environnemental, CESE :

Merci de me permettre de vous faire connaître le rapport que j'ai présenté la semaine dernière devant le Conseil économique, social et environnemental réuni en session plénière. Cet avis, intitulé La transition agro-écologique : défis et enjeux, est basé sur les principes que vient d'exposer M. François Léger. L'agro-écologie vise à transformer l'agriculture, mais aussi à repenser l'ensemble des systèmes alimentaires afin de les rendre plus durables. Conjuguant production agricole et reproduction des ressources naturelles, elle revêt à la fois une dimension territoriale et globale, en remettant l'agriculture en lien avec les habitants des territoires où elle est pratiquée. De ce point de vue, elle peut être présentée comme un système d'interactions entre les acteurs impliqués dans la gestion des exploitations agricoles, dans les filières et avec les ressources naturelles, à commencer par le sol, qui est la base de la production.

L'agro-écologie renforce la fertilité des sols ; elle peut augmenter les performances agronomiques des fermes, réduire leurs coûts et favoriser ainsi l'autonomie et la résilience des exploitations agricoles. Elle peut aussi améliorer les conditions de vie des agriculteurs et des salariés agricoles, contribuer à valoriser leur métier et à créer ou maintenir des emplois, préservant ainsi le maillage des exploitations agricoles sur les territoires, afin d'enrayer leur disparition progressive.

Notre rapport met en évidence la nature systémique des freins au développement de l'agro-écologie ; ils agissent à tous les échelons des filières. Ce sont des freins économiques, sociaux, cognitifs, mais aussi réglementaires et liés aux politiques publiques. Interactifs, ils créent un ensemble systémique dans lequel la stratégie de chaque acteur renforce celle des autres. Ce sont donc des démarches collectives qui peuvent aider à surmonter les risques que comporte l'engagement dans une transition agro-écologique. Elles sont même primordiales dans la mobilisation et la réassurance des agriculteurs s'engageant sur cette voie.

Parmi les préconisations que nous proposons pour mettre en place l'agro-écologie, figure en particulier la mise en cohérence des politiques publiques. Il est très important que toutes ces politiques, qu'elles soient européennes, nationales ou régionales, aillent dans le même sens pour soutenir ce même projet agro-écologique.

Cette cohérence doit être activée au niveau des collectivités territoriales, par exemple, en favorisant les achats alimentaires locaux, notamment dans le cadre de la restauration collective dont vous avez tous à traiter sur vos territoires respectifs. Les collectivités peuvent aussi agir à travers la construction de filières locales complètes et cohérentes, par exemple en favorisant l'installation d'abattoirs de proximité ou en mettant en place, sous l'égide des régions, des cahiers des charges agro-écologiques. Nous suggérons de fusionner en un seul programme deux outils de politique publique, les plans régionaux d'agriculture durable (PRAD) et les projets alimentaires territoriaux (PAT), afin de réunir autour d'une même table tous les acteurs de l'agriculture et de l'alimentation.

Nous considérons que la politique agricole commune (PAC) devrait être revue afin de réorienter clairement toutes les politiques agricoles en direction de l'agro-écologie.

Enfin, nous pensons qu'il faut soutenir les collectifs de toute sorte dans lesquels les agriculteurs se rencontrent pour se réassurer dans cette phase de transition. Ces collectifs jouent un rôle très important de transmission des connaissances. J'ai ainsi rencontré hier, à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), un groupe travaillant sur le thème : « Comment animer la connaissance sur le sol ? ». Outre les agriculteurs, les collectifs peuvent accueillir d'autres acteurs, qu'ils soient territoriaux ou de l'éducation. Ils constituent un moyen de créer une synergie, de retisser le lien perdu entre les agriculteurs et les citoyens, et d'échanger de la connaissance entre les citoyens, les agriculteurs et les chercheurs.

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