Intervention de Viviane Le Dissez

Réunion du 30 novembre 2016 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaViviane Le Dissez :

Au nom du groupe Socialiste, écologiste et républicain, je remercie l'ensemble des intervenants pour la clarté de leur propos et pour les exemples de terrain qu'ils ont cités, qui nourriront notre réflexion.

L'agro-écologie, qui désigne le recours à des techniques et à des infrastructures nouvelles, considère l'exploitation agricole dans son ensemble. Elle vise à transformer durablement nos systèmes de production alimentaire dans le contexte d'une économie mondialisée pour faire face aux défis climatiques et sanitaires. Porte-parole de mon groupe lors de l'examen du projet de loi de reconquête de la biodiversité, je tiens à souligner que la protection et l'utilisation de la biodiversité constituent l'un des piliers pratiques de l'agro-écologie. Le sol, élément vivant, est mentionné dans les principes fixés par la loi ; quant aux insectes pollinisateurs, qui sont l'un des meilleurs garants de la biodiversité, ils sont les auxiliaires indispensables de notre agriculture. L'agro-écologie est une voie ambitieuse et une formidable opportunité, tant pour notre environnement que pour les producteurs et les consommateurs. Elle consiste également à se réapproprier et à adapter des connaissances anciennes grâce à l'évolution des connaissances scientifiques, mais aussi – c'est une autre philosophie – au regard de la nature.

L'année 2015 a été marquée par la mise en oeuvre de plans d'action dans le cadre des premières concrétisations du projet agro-écologique porté par le Gouvernement. Je pense notamment aux 250 premiers groupements d'intérêt économique (GIE), qui regroupent presque 2 500 exploitations, à la mise à disposition d'un outil numérique de diagnostic agro-écologique des exploitations agricoles, à l'intégration de l'agro-écologie dans les formations et l'enseignement dispensé dans les lycées agricoles ou encore au renforcement des outils financiers d'accompagnement vers une transition agro-écologique. Ces mesures témoignent d'une ambition et du début d'une évolution progressive de nos systèmes de production.

Saisi par le Premier ministre, le Conseil économique, social et environnemental vous a confié, madame Claveirole, le soin de rédiger un rapport sur l'agro-écologie, qui a été adopté à une large majorité. Nous sommes confrontés à une triple exigence : une exigence environnementale, qui recouvre le respect de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique ; une exigence économique, qui doit prendre en compte les contraintes du monde agricole et la nécessaire amélioration du revenu agricole ; une exigence sanitaire et sociale, dans laquelle entre la lutte contre les mauvaises habitudes alimentaires mais aussi et surtout la protection de la santé de nos agriculteurs.

Les travaux du CESE ont fait apparaître les limites que rencontre le développement de l'agro-écologie, tels l'attractivité de l'alimentation bon marché et les raisonnements de rendement « court-termistes ». Parmi ses préconisations figure l'accompagnement des exploitants et du monde de la recherche par les pouvoirs publics. Aussi la prochaine PAC est-elle un défi pour l'agro-écologie.

À Yvignac-la-Tour, une petite commune de ma circonscription, des exploitants se sont engagés, depuis plus de vingt ans, dans une démarche agro-écologique qui consiste notamment à respecter les sols : grâce à la succession de différentes cultures complémentaires les unes des autres, le substrat n'est pas appauvri, le sol est vivant et l'on évite l'érosion et la diffusion des sédiments. Ces pratiques peuvent aussi offrir également une solution à l'envasement de nos rivières – je pense en particulier à la Rance et aux rias bretonnes.

Vous l'avez tous souligné, l'agro-écologie est une approche globale indispensable, qui doit être valorisée et étendue. Plus qu'une alternative, elle obéit à une éthique, à une philosophie qui promeut les connaissances et les savoir-faire paysans. Agro-écologie, biodiversité et climat sont indissociables. Comme l'a indiqué François Léger, qui est également président du conseil scientifique du Conservatoire national du littoral, l'une des solutions pour la protection des littoraux passe par la nature, et l'agro-écologie y est primordiale. Gageons donc que nos échanges seront constructifs et les questions nombreuses.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion