Je suis admiratif du monde agricole qui est animé, sur 450 000 exploitations, par près de 600 000 agriculteurs et 500 000 salariés. Ce secteur génère une industrie agro-alimentaire qui, avec 16 000 entreprises employant plus de 400 000 personnes, est l'une des plus performantes au monde. En tenant compte des filières de l'amont et de l'aval, l'agriculture représente en France plus de 2 millions de salariés. Elle constitue donc un élément essentiel de notre territoire.
L'agriculture, c'est certes une activité de production, mais c'est aussi une étonnante histoire de solidarité – que certains semblent redécouvrir –, à commencer par les coopératives. Dans mon département du Jura, les fruitières à Comté existent depuis plusieurs décennies, et la fruitière vinicole d'Arbois a été fondée en 1906. Le Crédit agricole est le résultat de la capacité de s'unir pour créer ensemble une banque ; il date de 1894. Je pourrais encore citer la Mutualité sociale agricole (MSA), les assurances, la cogestion. La solidarité agricole a plus d'un siècle, et elle a construit cette agriculture si performante que nous connaissons.
Mais l'agriculture, c'est aussi une étonnante modernité. Il y a de plus en plus de femmes parmi les agriculteurs, et ils sont de plus en plus formés – les chefs d'exploitation aujourd'hui ont souvent un niveau bac+2, bac+3 ou bac+4. Les technologies qu'ils utilisent sont bien plus respectueuses de l'environnement qu'elles ne l'étaient dans les années soixante.
Cette agriculture produit surtout de la très haute qualité, caractérisée par une traçabilité et des qualités sanitaires jamais atteintes, ce qui a permis à la France d'être précurseure, notamment en matière d'appellations d'origine contrôlée (AOC).
Et puis, les agriculteurs façonnent le paysage.
Si une catégorie professionnelle est aussi présente dans l'histoire de la nourriture, de la solidarité et des paysages, c'est qu'elle contribue fortement à la culture française et presque à l'identité de notre pays.