Les traités de libre-échange en négociation reposent systématiquement sur l'abandon de l'agriculture européenne aux entreprises nord-américaines en échange de l'accès au marché des services américains et celui des médicaments pour les entreprises multinationales européennes. Dans ce contexte, des personnalités appellent à la proclamation d'une exception « agriculturelle » dans le commerce mondial. Il s'agit de défendre la qualité de la nourriture et la liberté de celles et ceux qui la produisent, mais aussi le cadre général de nos modes de vie.
Cet appel, qui lie l'assiette aux champs, aux paysages et à la responsabilité de chacun envers tous quant à la qualité et la diversité de la vie, est parfaitement illustré par des expériences locales de jardins partagés en permaculture. Dans mon village rural, un tel jardin est géré par des citoyens militants qui lient agriculture, développement rural et éducation à travers des actions en direction des enfants. Là encore, la société civile prend conscience des enjeux agricoles, alimentaires et environnementaux. Et ce n'est pas un hasard si, dans ce même village landais, le comité de jumelage a aidé à créer, dans un village de Mauritanie, un jardin potager irrigué qui nourrit le village et donne des emplois aux femmes.
Il faut produire là où les gens ont faim, limiter les échanges inutiles, les gaspillages destructeurs de valeur, lier l'agriculture à l'écosystème local, prendre en compte son impact sur la biodiversité et le climat, car la biodiversité est fondamentale pour l'avenir agricole. La préservation des diverses variétés de plantes d'intérêt agronomique est essentielle. Or, dans le monde, cinq cultures prévalent – blé, riz, manioc, maïs et soja – et ce n'est pas par l'adjonction génétique de vitamines dans ces céréales que l'on viendra à bout de certaines carences alimentaires.
Quels leviers devrons-nous utiliser pour faire reconnaître l'exception « agriculturelle » dans le commerce mondial ?