Contrairement à plusieurs collègues, je ne suis pas sûre que nous ayons autant le choix en ce qui concerne le modèle agricole pour les prochaines décennies. Je ne suis pas persuadée non plus que nourrir le monde soit la vocation de l'agriculture française. Nous devons d'abord nous concentrer sur les territoires, voir comment ils fédèrent et nourrissent leurs habitants, et génèrent de l'activité pour stopper l'hémorragie des cessations d'activité.
Députée de la zone très rurale du Bessin, d'où est partie la révolte des producteurs de lait l'année dernière, j'ai pu constater l'extrême misère et la précarité des éleveurs qui sont totalement enfermés dans le modèle agricole actuel. Nous ne pouvons pas continuer à développer ce discours, directement issu de multinationales de produits phytosanitaires qui veulent nous voir continuer à utiliser des pesticides quitte à nous laisser croire que nous sommes les rois de l'utilisation raisonnée des intrants. C'est faux ! Notre pays consomme, au contraire, de plus en plus de pesticides, non pas en quantité mais en concentration des molécules. Pensez-vous qu'il y a, en France, de la place pour deux types d'agriculture ? À long terme, je le répète, je ne suis pas persuadée que nous ayons autant le choix que cela.