Intervention de François Léger

Réunion du 30 novembre 2016 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

François Léger, agronome :

L'agro-écologie, c'est une re-conception scientifique, technique et très engageante de l'agronomie telle qu'elle a été pensée pendant un siècle. Je la vis comme une phase de progrès scientifique et pas seulement de retour en arrière.

Vous en demandez une définition. Celle à laquelle je me réfère date d'une quinzaine d'années et n'est pas française. L'agro-écologie a été remise sur la place publique par des chercheurs latino-américains et nord-américains dès les années soixante, notamment par Miguel Altieri. Cela dit, je ne suis pas sûr que la définition de l'agro-écologie soit le point le plus important.

Ce qui touche au triangle réglementation-taxe-incitation me paraît, en revanche, essentiel. Ce sont des débats assez compliqués. Je participe depuis douze ans aux comités successifs d'évaluation du deuxième pilier de la PAC. À chaque fois, on a constaté que plus on fait d'efforts en matière de politique, moins les résultats sont là. Si le Grenelle de l'environnement a été un moment clé dans l'histoire politique française, puisque de nouvelles dimensions ont été introduites dans la conception des politiques publiques, il faut reconnaître que l'objectif du plan Écophyto ne sera pas atteint. Il est assez probable qu'il en soit de même du plan Écophyto 2, quelles que soient les sommes consacrées. Il faut donc voir au-delà des politiques publiques.

C'est pourquoi j'aborderai des aspects plus pratiques, comme celui des agro-équipements. C'est une question clé pour l'agriculture française, que l'on parle d'agro-écologie ou non. Il existe encore en France un fort secteur artisanal des machines agricoles, mais nous ne produisons quasiment plus de tracteurs agricoles et plus du tout de moissonneuses-batteuses. L'idée de relancer le secteur de l'agroéquipement français renvoie à la question plus générale de la relance de secteurs industriels en déshérence. Il s'agit là d'enjeux politiques sur lesquels je ne suis pas compétent.

Tout à l'heure, il a été question d'agriculture de précision, de l'utilisation de drones. L'agriculture de précision consiste à collecter le maximum d'informations les plus fines possibles, aux échelles les plus fines, à les traiter et à y ajuster les actes techniques au plus près. Qui, aujourd'hui, produit les logiciels ? Qui, demain, sera propriétaire des données que recueillent aujourd'hui les agriculteurs sur leurs tracteurs, sur leurs systèmes embarqués via les satellites ? En d'autres termes, qui, demain, gouvernera l'agriculture de précision ?

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