Je me permets d'intervenir à nouveau pour répondre à la question de M. Lebreton sur la canne à sucre. Le problème, c'est que la société s'est construite historiquement sur cette culture. Or, on pourra faire tout ce que l'on voudra, la canne à sucre réunionnaise ne sera jamais compétitive dans un marché parfaitement libéralisé, face à la canne à sucre brésilienne, par exemple.
Typiquement, la situation est de celles où la sortie par le haut s'impose. Certes, cela ne sauvera pas toute la canne à sucre réunionnaise, mais il est clair que c'est au niveau de la transformation qu'il faut agir, en cherchant des niches. Curieusement, dans le monde agricole, parler de niche c'est comme dire un gros mot, alors que dans les produits high tech trouver sa niche est la marque d'une intelligence entrepreneuriale. Il n'y aura pas d'avenir pour les agricultures îliennes, celle de La Réunion comme celles des Antilles, sans politique visant à favoriser réellement les produits très haut de gamme – sucres et sous-produits bio, rhum très haut de gamme et autres. Pour que des bateaux viennent chercher des produits sur une petite île perdue au milieu de l'Océan indien, il faut que ces produits en vaillent la peine. La transition est un choix compliqué et exigeant, mais la raison économique dit qu'il n'y a pas d'autre choix que celui-là.