Intervention de Naïma Charaï

Réunion du 31 janvier 2013 à 14h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Naïma Charaï, présidente du conseil d'administration de l'Agence pour la cohésion sociale et l'égalité des chances, ACSé :

La création, en 2007, du ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire a eu pour effet de retirer au ministère de la ville une partie de la politique de l'intégration, ce qui a introduit une rupture de notre action en faveur des vieux migrants. L'ACSé souhaite pourtant poursuivre les initiatives de ce type menées dans les départements et les régions.

Le Premier ministre devrait recevoir demain un rapport consacré à la refondation des politiques d'intégration, dont l'auteur, M. Thierry Tuot, m'a auditionnée. Je n'ai pas encore eu accès à ce document, qui formule des propositions relatives aux politiques d'intégration et de la ville. Peut-être faut-il recréer un lien entre elles, car il n'est pas possible d'agir à long terme en les séparant. L'accueil aux primo-arrivants ne résout pas les problèmes qui se posent dans la durée.

Depuis ma nomination, je constate une forte attente de la part des nouvelles générations. Elles souhaitent que le droit commun améliore la situation de leurs parents ou de leurs grands-parents, qui les ont inscrites dans l'histoire de France, et que le nouveau Gouvernement et les assemblées envoient un signe positif aux vieux migrants.

Visitant récemment, à la demande du Président de la République, un foyer ADOMA situé à Colombes, j'ai mesuré les difficultés d'accès aux soins et à la santé que rencontrent les populations vieillissantes. Dans certains quartiers, on ne peut que constater l'indigence des services publics. Quand les acteurs de l'accompagnement social appellent les services d'urgence ou SOS Médecins, ils n'arrivent pas à faire venir des médecins en soirée, alors qu'une personne âgée qui fait un malaise doit être prise en charge le plus vite possible. Nous appelons votre attention sur ce sujet, bien qu'il ne relève pas de notre champ de compétences.

Des programmes de réhabilitation menés par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) sont en cours, mais il faut les intensifier. Selon les acteurs des foyers Adoma, trois personnes migrantes meurent par jour. À Colombes, j'ai rencontré un ancien ouvrier de l'industrie automobile qui dispose de sept mètres carrés, après avoir passé sa vie dans les campements et les bidonvilles de Nanterre. Il faut accélérer les réhabilitations si l'on veut que les immigrés âgés terminent leur vie dignement.

Il n'existe pas d'étude spécifique sur la situation des femmes immigrées âgées. Les statistiques manquent pour retracer leur parcours. Selon les conclusions du « rapport Tuot » et la suite que lui donneront le Gouvernement et le Parlement, nous formulerons des propositions les concernant, mais des interventions visant à faire respecter leurs droits sont déjà menées dans les quartiers, au titre de la politique de la ville.

Vous m'avez demandé ce qui motive le retour au pays. Dans ce domaine, chacun a un parcours singulier. Ce sont souvent les ressources et les conditions de leur maintien qui conditionnent le séjour en France, mais les hommes et les femmes qui ont contribué à l'essor de notre pays y sont généralement attachés. Pourquoi ne pas leur faciliter l'acquisition de la nationalité française ?

Nous soutenons depuis des années les cafés sociaux, formidables outils de socialisation et de lien intergénérationnel, qu'il faudrait multiplier sur le territoire national. Dans ces lieux, des acteurs qui connaissent bien les migrants prennent en compte leur spécificité et leur histoire.

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