Merci de ces exposés intéressants. Monsieur Todorov, Euratom ne fait pas, il me semble, partie des traités européens : c'est donc un cas un peu à part.
Les difficultés sectorielles que vous avez soulevées sont très sérieuses, et elles le deviendront d'autant plus que l'on laissera traîner les choses. C'est pourquoi mon message aujourd'hui est politique.
Un peuple, c'est son droit, décide de quitter l'Union européenne ; mais son gouvernement traîne les pieds. La sortie du Royaume-Uni n'a toujours pas été notifiée. Les Britanniques utilisent cette période transitoire pour diviser la partie adverse, déjà traversée de multiples contradictions : eux se préparent ; nous discutons. Et, peu à peu, nous nous trouverons dans un écheveau parfaitement inextricable, le risque étant qu'au lieu d'un Brexit, l'Union européenne accepte une sorte d'opting-out géant. Ce que les Britanniques voudraient, c'est avoir à la fois le beurre et l'argent du beurre.
Il faut absolument casser cette mécanique infernale. Peu à peu, les problèmes décrits ce matin ne pourront plus être réglés : ils ne feront que croître, et le capharnaüm sera de plus en plus ingérable.
Nous devons donc agir. À l'échelle nationale, nous devons nous mettre en ordre de marche afin d'attirer de nouveaux investissements, notamment américains ; pour cela, il faut éviter de voter des textes comme ceux qui viennent de l'être à l'Assemblée nationale, et qui sont exactement contraires aux projets que nous mettons en place depuis le mois de septembre. À l'échelle européenne, nous devons reprendre l'initiative et fixer aux Britanniques une date butoir. Faute de cela, nous risquons, je le redis, de nous engluer dans des batailles fratricides.
Monsieur le président, le rôle de notre mission peut être de tirer le signal d'alarme. Les Britanniques sont maîtres du calendrier ; la situation britannique paraît aujourd'hui difficile, mais si nous tardons à agir, le rapport de force s'inversera. Nous risquons de perdre sur tous les tableaux.
Les Européens doivent reprendre en main leur destin. Ne laissons pas s'installer une situation peu ou prou comparable à celle de l'Europe vis-à-vis de la Turquie, dans laquelle cette dernière exerce un chantage ouvert, notamment en ce qui concerne les migrants, et mène une politique du fait accompli.
Pour ne pas rentrer dans un tel engrenage, la France doit se réveiller, adapter sa législation pour accroître son attractivité, et prendre une initiative forte en Europe.