Intervention de Jacques Myard

Réunion du 24 novembre 2016 à 10h00
Mission d'information sur les suites du référendum britannique et le suivi des négociations

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Je ne sous-estime pas la force de négociation de nos amis britanniques : chaque fois que j'ai négocié en ayant le soutien des Britanniques, je me demandais quand ils allaient me lâcher – ce qui finissait inévitablement par survenir.

Mais, ce matin, j'ai eu le sentiment d'entendre le choeur des lamentations. Nous rencontrons des difficultés ; mais le Brexit ne change ni la géographie ni les relations naturelles et légitimes. Marx établissait une distinction entre les superstructures – les problèmes que vous avez décrits – et les infrastructures : notre intérêt à tous est de trouver un accord. Bien sûr, comme le dit Pierre Lellouche, il faut sortir au plus vite du flou artistique et entamer les négociations.

Monsieur Guilbaud, vous parlez de compétitivité. Le Royaume-Uni n'a jamais appartenu à la zone euro. Or la monnaie est un élément essentiel en matière de compétitivité, et l'euro est un carcan qui étrangle nos exportations. Nul besoin de s'étonner de nos difficultés ! J'aimerais un peu plus de cohérence dans les prises de position du MEDEF.

Monsieur Delisle, la France est exportatrice nette, en stock, des investissements et de l'épargne et du capital, parce que nous nous autoflagellons avec notre fiscalité mirifique – sans parler de la fermeture des voies sur berge qui rend la circulation dans Paris chaotique tous les matins ! Tout est dans tout, c'est aussi simple que cela ! Notre attractivité dépend essentiellement de notre capacité à remettre de l'ordre dans nos propres affaires.

Madame Samann, je suis juriste moi-même, et je peux vous le dire : il faut écouter les juristes jusqu'à dix heures, et à dix heures et une minute, « les passer par la fenêtre ». Ne sombrons pas dans un juridisme excessif ; passons outre, et nous trouverons des solutions.

Monsieur Coq, j'ai négocié l'entrée des Britanniques dans Airbus. Ce n'est pas un accord international, mais un mémorandum d'entente, c'est-à-dire un texte politique. Il n'est pas passé au Parlement. Ils avaient signé un traité pour le Concorde, et quand Mme Thatcher a voulu le dénoncer, le Foreign Office a craint que le Royaume-Uni ne soit condamné par un tribunal arbitral à payer de lourdes indemnités. Depuis, les British ne signent plus de traités, mais seulement des mémorandums d'entente ! Le meilleur exemple, c'est sans doute l'Acte final de la conférence d'Helsinki.

Quoi qu'il en soit, tout cela n'entre pas dans le système communautaire. Il n'y a aucun souci à se faire : c'est business as usual ! Ne nous prenons pas la tête sur des points qui ne sont pas essentiels.

Monsieur Todorov, s'agissant de l'électricité, il en ira sans doute de même : nous continuerons, j'en suis persuadé, d'échanger de l'électricité.

Monsieur Carré, je reconnais que les pêcheurs font face à de vraies difficultés. Rappelons tout de même que la reine d'Angleterre est duchesse de Normandie, donc vassale du roi de France : faisons appel au droit féodal !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion