Nous demandons une convergence beaucoup plus forte, et une véritable gouvernance de la zone euro. Mais le temps des dévaluations compétitives qui a précédé l'euro est heureusement fini : ponctuellement, cela pouvait être intéressant, mais cela ne nous a pas permis de tirer notre épingle du jeu.
Nous raisonnons donc globalement. À l'échelle européenne, l'accès au marché intérieur est essentiel – une entreprise implantée au Royaume-Uni aura sans doute moins facilement accès à ce grand marché qu'une entreprise implantée sur le territoire de l'Union européenne. S'agissant de la compétitivité, nous devons travailler sur le financement, sur l'énergie, sur la convergence fiscale… Cela a été dit.
À l'échelle française, les acteurs français ou étrangers qui cherchent à s'implanter en Europe jugent sévèrement la rigidité de notre droit du travail, ainsi que l'insécurité juridique qu'il provoque, bien plus que notre fiscalité. C'est vraiment le premier message, même pour des emplois qualifiés. Ils redoutent également l'instabilité chronique de notre réglementation. La lourdeur des charges fiscales et sociales – les plus élevées de l'OCDE – vient en troisième. Hors même le cas particulier du Brexit, des réformes sont évidemment nécessaires pour reconstruire notre attractivité. Enfin, il faut mentionner la question de la sécurité des personnes, en raison du contexte international sur lequel je ne reviens pas. Nous devons plus que jamais travailler sur ces problèmes spécifiquement français.
Monsieur Caresche, s'agissant de la perception de la position française, il y a peut-être une question de style : nous avons été vus comme un peu plus matamores que d'autres. Mais la position allemande, je n'en doute pas, sera très dure : les enjeux financiers et réglementaires pour l'Union européenne leur tiennent énormément à coeur. Sans opposer les grands États que sont la France et l'Allemagne à d'autres plus petits, on peut supposer que d'autres États membres, notamment en Europe centrale, seront plus sensibles à des arguments bilatéraux, et moins attachés à la nécessité de consolider le marché intérieur et de conserver le sens du projet européen.