Je reviendrai très rapidement sur la notion d'attractivité, en relevant d'abord que les trois pays leaders en Europe pour l'attraction des investissements étrangers sont, sans surprise, les trois plus grandes économies : le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France. Les écarts entre elles sont assez resserrés, puisque le Royaume-Uni accueille entre 1 400 et 1 500 projets par an, l'Allemagne entre 1 200 et 1 250 et la France entre 1 000 et 1 100.
S'il s'agissait seulement de la fiscalité et du droit du travail, tels qu'ils sont perçus de l'étranger et tels que les entreprises étrangères ont pu en faire l'expérience, nous ne connaîtrions pas les scores que je viens d'évoquer. Cela montre bien que les décisions des entreprises ne reposent pas que sur ces critères.
Nos atouts reconnus sont ceux du marché, des talents que l'on peut embaucher en France et de la productivité des collaborateurs, des infrastructures qui peuvent servir de base pour exporter non seulement en Europe, mais aussi vers la zone africaine et le Moyen-Orient, l'empreinte carbone, le coût de l'énergie, le coût de l'immobilier, la qualité de l'administration et l'e-administration. Voilà l'ensemble des facteurs qui permettent à une entreprise de prendre une décision.
Bien entendu, les sources d'information d'une entreprise étrangère ne sont pas forcément puisées dans une expérience vécue. Ce qu'une entreprise étrangère non encore implantée en France peut lire dans le Financial Times au sujet de notre pays n'est pas à son avantage, mais nous devons passer de la perception à l'explication de la réalité vécue par les entreprises.
Tous les jours, des mesures sont prises pour améliorer notre attractivité sur le long terme. Car une entreprise développe ses plans d'investissements et leur évaluation de rentabilité sur un horizon de cinq à dix ans.
Bien entendu, l'instabilité ou l'incertitude de notre droit social constituent certes des handicaps. Mais elles peuvent être levées par un travail sur l'attractivité. Nous avons pour rôle de montrer les vrais chiffres, en nous appuyant sur les bilans annuels de l'attractivité en Europe. Ils placent la France à son rang, très proche du Royaume-Uni et de l'Allemagne.
Il faut relever que la France est leader sur au moins deux secteurs en Europe. C'est d'abord le cas en matière d'investissements productifs. Ainsi le baromètre EY nous place en tête en la matière depuis plusieurs années. Tout cela peut sembler… confusing. Mais cela est dû à la base très large d'investissements industriels qu'offre notre pays, alors que le Royaume-Uni a une vocation plus spécifiquement pétrolière et financière et que l'Allemagne s'appuie davantage sur des capitaux locaux.
Il en va de même en matière de recherche et développement, grâce au crédit d'impôt recherche (CIR), mesure que l'on nous envie. Rien n'est cependant jamais gagné de manière pérenne en ce domaine.
La France investit aussi beaucoup à l'étranger. Il existe ainsi plus de 30 000 investisseurs français à l'étranger ; plus de 22 000 investisseurs étrangers sont inversement présents en France. Tout cela n'est pas un jeu à somme nulle, puisque plus de deux millions et demi de salariés en France travaillent dans une entreprise contrôlée par des investisseurs étrangers. Nous pourrions aussi évoquer la part des investisseurs étrangers dans les entreprises cotées en bourse à Paris.
La France s'affirme ainsi comme un pays ouvert, dont l'attractivité est reconnue. Au-delà de notre rang naturel si l'on considère la taille du produit intérieur brut (PIB), nous sommes bien placés dans les classements internationaux, eu égard à des atouts structurels que nous devons continuer à cultiver, notamment les infrastructures, leur accessibilité, et leurs coûts d'utilisation, et à des atouts en termes de productivité des talents – par exemple l'école française de mathématiques, pour la recherche et développement.
Pour conclure, plus que le coût du travail, le droit social et l'instabilité fiscale sont perçus à l'étranger comme des éléments négatifs pour l'attractivité française. Mais les décisions des entreprises se prennent sur une base beaucoup plus large que ces critères, et sur une durée beaucoup plus longue. Cela explique nos scores plus que tout à fait honorables en matière d'implantations étrangères. Je rappelle que la France accueille plus de 1 000 projets d'investissements étrangers par an, soit plus de treize par semaine.