S'agissant de l'analyse ou de l'interprétation de la position du Royaume-Uni relativement au marché de l'énergie et à sa régulation, il nous est bien sûr difficile de parler à sa place. Des contacts avec les Britanniques, nous avons retiré l'impression d'une forme d'incertitude sur les sujets techniques et pratiques. En ce qui concerne Euratom, à notre connaissance, leur religion n'est pas faite, leur analyse n'a pas été poussée à fond. La question de savoir s'ils peuvent ou doivent quitter Euratom reste donc une question ouverte.
Plus généralement, s'agissant du maintien de leur participation aux discussions sur la politique énergétique, nous observons là aussi des signaux contradictoires. Un député britannique du Parlement européen, M. Duncan, rapporteur sur les échanges de quotas d'émission, a envoyé au gouvernement britannique le message selon lequel il serait bon que la question de l'énergie et du climat ne fasse pas partie des négociations sur le Brexit.
En sens inverse, comme le permet le cadre institutionnel, le gouvernement britannique a souvent été précurseur. Ainsi, il a pris des mesures nationales et unilatérales sur le prix du carbone et sur le marché de capacités. Il n'est donc pas impossible que le Royaume-Uni veuille ou ait intérêt à développer sa politique énergétique de manière plus indépendante.
En ce qui concerne l'impact sur notre projet de long terme de Hinkley Point C, sa construction doit de toute manière durer dix ans, avant que ne commence la période d'exploitation, longue de soixante ans. Nous nous plaçons donc dans un temps qui est très long. À ce stade, il n'y aucune raison de remettre en cause ni l'estimation des coûts ni celle des délais. Certes, nous restons vigilants sur les éventuelles futures barrières, tarifaires ou non – c'est-à-dire pouvant aussi impacter la circulation des personnes. Mais, à ce stade, ni l'équation économique ni le calendrier du projet ne sont remis en cause.
Dans le cas d'une sortie du Royaume-Uni d'Euratom, il existe des mécanismes alternatifs. Des accords bilatéraux ont ainsi déjà été passés avec des pays tiers. Après la catastrophe de Fukushima, la Suisse a ainsi participé, sur la base d'une déclaration volontaire, à des discussions avec Euratom, et même davantage, dans le cadre d'un accord spécifique de coopération bilatéral.