Intervention de Claude Bartolone

Réunion du 24 novembre 2016 à 10h00
Mission d'information sur les suites du référendum britannique et le suivi des négociations

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Bartolone, président :

Vous avez raison. Dans le même temps, il faut qu'il y ait non seulement une position française, mais une position européenne.

Je partage tout à fait l'opinion de M. Carré sur l'inopportunité d'un Brexit à la découpe. Je ne voudrais pas que l'axe franco-allemand se trouve affaibli, ni que les pays d'Europe centrale puissent nourrir certaines dérives. Certains d'entre eux seraient prêts à penser qu'il ne serait pas plus mal que l'Europe s'occupe moins des réfugiés.

À Londres, à l'occasion de notre déplacement, nous n'avons pas non plus trouvé de position claire et affirmée, hormis quelques généralités. Certes, à la City, l'on a agité la perspective de se tourner vers New York ou Hong Kong. Mais il m'a semblé que cela visait plutôt à nous intimider.

S'agissant de la libre circulation, le peuple se serait exprimé : c'était invoqué comme argument pour ne pas céder sur cette exigence. Avec toute la sympathie que je porte au ministre chargé du Brexit, je dois dire que nous ne sommes pas sortis de notre entretien avec beaucoup de précisions sur ce qui serait leur base de négociations. Ils sont aujourd'hui beaucoup plus préoccupés par le nombre de fonctionnaires extrêmement important qu'ils ont à embaucher et à former, mais aussi à coordonner.

Le seul point sur lequel j'ai ressenti qu'existe une position commune, notamment au cours de notre rencontre avec mon homologue, c'est le fait que les parlementaires ne bloqueront pas la procédure, même s'ils soutenaient à 75 % le maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne. En dehors de cette certitude, il y a beaucoup d'approximation.

Quant à nous, nous allons tout faire pour que notre rapport soit adopté à l'unanimité. Nous voulons déterminer le point de vue de l'Assemblée nationale. Il faut définir le point de vue de la France, et celui-ci doit être compatible avec celui de nos amis allemands. De Londres, je reviens en effet avec le sentiment qu'on y aimerait que le couple franco-allemand se défasse sur la question du Brexit. Aux Allemands, les Britanniques diront que la position française est extrêmement dure… Quand ils nous rencontreront, ils trouveront ensuite un autre bouc émissaire pour essayer de distendre la position européenne. Ils ont compris en effet que, plus la position européenne sera unie et solide, plus ils auront de difficultés.

J'ai été très intéressé par vos interventions et par vos réponses. Elles montrent qu'il convient d'éviter la caricature du pays, et d'avoir une idée précise de ce que doivent être la voix et l'action de la France pour affronter cette période de grande incertitude.

Je vous remercie d'être venus jusqu'à nous.

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