Je suis maire d'une commune de 12 000 habitants qui a pour unique écran celui d'une salle gérée par une association et destinée aux activités culturelles, où se produisent également des acteurs du spectacle vivant. Il y a aussi, à Cernay, une friche industrielle restée vacante après le dépôt de bilan de l'usine qui y était installée. Elle est située à côté d'un quartier affecté par un fort taux de chômage et que l'ANRU s'efforce de redynamiser. Un aménageur souhaite transformer cet espace en construisant un hôtel, des restaurants et plusieurs salles de cinéma. Ce beau projet, qui permettrait de créer 140 emplois, est soutenu par la communauté de communes, car on ne compte en tout, dans le territoire considéré, que trois écrans gérés par des associations, si bien que les 50 000 habitants du piémont des vallées de la Thur et de la Doller peuvent assister à 18 projections hebdomadaires contre 450 pour le même nombre d'habitants à Colmar… Bien que 90 % des élus concernés soutiennent ce dossier, il a été refusé par la CDAC, puis par la CNAC.
Cet épisode laisse le fort sentiment qu'une bataille de réseaux et d'influences rend très difficile le développement du cinéma dans certaines zones où le sous-équipement est pourtant notoire. Mais nous ne baisserons pas les bras et nous continuerons d'accompagner cet aménageur en présentant un nouveau dossier, peut-être un peu moins amitieux, car nous sommes heureux qu'un projet vise à redynamiser nos quartiers.