Intervention de Rudy Salles

Réunion du 7 décembre 2016 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRudy Salles :

Je veux d'abord m'associer à l'hommage rendu par tous à Rémy Pflimlin, qui a été un grand patron de l'audiovisuel, et un grand Européen, particulièrement sensible aux territoires. Je me souviens de nos échanges : il était toujours affable et accessible.

L'examen du rapport annuel d'exécution du COM de France Télévisions est toujours un moment important pour la commission des affaires culturelles. Le bilan et les perspectives tracées nous conduisent à être particulièrement vigilants, voire critiques. Ainsi, si l'audience du groupe est en hausse par rapport à 2014, depuis septembre 2016, les différents indicateurs sont alarmants. Selon Médiamétrie, en septembre, France 2 a enregistré la plus faible audience de son histoire, soit 12,5 %, c'est-à-dire 1,9 point de moins qu'il y a un an. Or, à la rentrée, la grille des programmes de la chaîne a été profondément modifiée. Pour donner un exemple, je ne parviens pas à comprendre que l'on rediffuse le dimanche après-midi, à un horaire qui réunit un public familial, une émission initialement programmée la veille, en troisième partie de soirée. Je pense que si le public ne suit pas, c'est qu'il y a des raisons.

Dans le même temps, nous avons appris dans la presse, il y a quelques semaines, le limogeage du directeur exécutif de France 2, Vincent Meslet, ce qui alimente certainement un climat interne difficile.

Nous estimons qu'il serait grand temps de restructurer non pas seulement la grille des programmes, mais aussi l'offre des différentes chaînes.

Si nous nous réjouissons que les objectifs relatifs au volume horaire mensuel moyen de programmes ultramarins sur France Ô soient largement atteints, ce canal souffre encore d'un vrai problème d'identification, ce qui ne met pas en valeur la richesse du patrimoine multiculturel des outre-mer.

Vous annoncez, dans le rapport d'exécution du COM, qu'en 2015 France 4 a affirmé son identité spécifique afin de devenir le média de service public des jeunes générations. Vous expliquez aussi que, durant la journée, la chaîne propose des programmes pour la jeunesse privilégiant les contenus qui considèrent l'enfant comme un citoyen plutôt que comme un consommateur, et que ces programmes visent à le divertir mais aussi à stimuler sa curiosité pour le monde. J'ai regardé cette chaîne et son cortège de Batman, d'Iron Man, de Ninjago, et j'en passe. Si l'on ne peut nier la qualité graphique de ces séries d'animation, je ne pense pas qu'elles participent à élever l'enfant au rang de citoyen. Pis, entre les programmes et les publicités qui leur font écho, les enfants sont totalement conditionnés à l'achat de produits dérivés. Finalement, ce bourrage de tête consumériste est terriblement efficace. Est-ce là votre méthode pour former les nouvelles générations de citoyens ?

Nous sommes attachés à France 3, seule chaîne de la TNT nationale à offrir aux téléspectateurs français des informations locales, de proximité. Les audiences nous inquiètent, mais je me félicite de la réflexion que vous mettez en oeuvre afin de renforcer l'autonomie des régions et l'information locale. Certains de vos prédécesseurs s'y sont toutefois essayés ; nous attendons donc de voir les résultats.

S'agissant de France 2, nous restons sceptiques. La chaîne se prévaut de délivrer une offre de référence en termes d'information, de débat, de décryptage, de reportage et d'enquête, mais nous sommes parfois déçus par le contenu des émissions, et nous constatons surtout que cette chaîne généraliste fait en permanence une course à l'audience derrière les chaînes privées.

J'en viens à la nouvelle chaîne d'information en continu, Franceinfo. Alors que les recettes publicitaires du groupe sont en baisse et que le secteur de l'information continue est saturé, nous ne comprenons toujours pas les raisons qui sont à l'origine de la création de cette chaîne. Les mauvais résultats en termes d'audience semblent confirmer l'inopportunité de créer une nouvelle chaîne d'information. Après l'effet de curiosité, Franceinfo affiche 0,2 ou 0,3 % de part d'audience en moyenne, loin derrière BFM, iTélé ou même LCI, la nouvelle venue en clair. Madame la présidente, vous ne pouvez pas justifier cela par la diffusion sur le canal 27, car toutes les autres chaînes peuvent en dire autant : LCI se trouve sur le canal 26, et BFM TV et iTélé sur les canaux 15 et 16. Faut-il diffuser Franceinfo sur le canal 1 pour que la chaîne obtienne de bons résultats ?

Les chiffres sont opaques et dénotent une absence de transparence dont témoigne la mise en place de cette chaîne qui devait initialement être diffusée uniquement par le biais d'une application. En commission, nous n'obtenions pas de réponse lorsque nous vous interrogions sur son passage à la TNT : vous vous contentiez de nous dire que nous allions vers un nouveau format… Alors que Michel Field reconnaît lui-même que l'audience de la chaîne est pour l'instant « très faible », vous comprendrez que la question de son avenir se pose avec une acuité toute particulière.

Notre souci constant est de nous assurer que l'argent public est bien utilisé, et que la position particulière de l'audiovisuel public est confortée. Or l'éparpillement des ressources dû au nombre pléthorique de chaînes nous laisse particulièrement sceptiques. Nos inquiétudes ne sont d'ailleurs pas infondées puisque la Cour des comptes a récemment dressé un constat alarmant sur France Télévisions. Elle juge notamment que le groupe n'a pas été en mesure de réduire significativement ses effectifs permanents et que la maîtrise des dépenses est déficiente.

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